Vale Abra o

fr
00:00:08 Dans le Val Abraham,
00:00:10 terre de l'homme
00:00:12 à la conscience de son orgueil,
00:00:14 de sa honte, de sa colère,
00:00:17 se passaient des choses
00:00:23 le monde
00:00:27 Le patriarche Abraham
00:00:31 Il utilisait la beauté
00:00:35 pour résoudre ses difficultés.
00:00:39 Il la faisait passer
00:00:44 ce qui laissait la voie libre
00:00:52 VAL ABRAHAM
00:02:51 Au XVIIIe siècle,
00:02:53 servait de limite sud
00:02:56 Là, vivait un physicien,
00:03:02 appelé Abraham de Païva.
00:03:06 Surpris dans de sales draps
00:03:09 qui avorta
00:03:12 il descendit vers Balsemão
00:03:16 et s'en fut échouer
00:03:18 comme il convenait
00:03:23 C'est le Val Abraham,
00:03:27 souvenirs d'une route mauresque
00:03:31 qui, depuis Grenade, apportait
00:03:36 L'actuel descendant
00:03:41 Il a étudié la médecine
00:03:44 Marié à une veuve, il a jeté
00:03:50 Un jour, Carlos de Païva vint
00:03:56 pour les fêtes
00:04:02 Il vit là une fille de 14 ans
00:04:05 dont le père,
00:04:07 mangeait des anguilles
00:04:28 Ema vit comme un signe
00:04:31 C'est du miel,
00:04:34 et fraîches !
00:04:37 Non, non...
00:04:40 Je vous les laisse
00:04:45 Remercie au moins ce monsieur.
00:04:48 Monsieur ?...
00:04:50 Carlos... Carlos de Paiva.
00:04:52 Carlos... ?
00:04:56 Médecin et agriculteur,
00:05:01 Agriculteur et médecin !
00:05:05 Je vous en prie, asseyez-vous.
00:05:09 De ces choses, vous savez...
00:05:12 qui bizarrement ont passé
00:05:16 Son âme s'illumina face
00:05:21 Il lui conta le long chapelet
00:05:25 De sa femme, il parla à peine.
00:05:29 Veuf depuis peu, il souffrait
00:05:34 qui ressemblait à Ema,
00:05:36 Ma fille lui ressemblait.
00:05:38 J'ai un oncle en Estrémadure.
00:05:40 J'y ai de la famille aussi.
00:05:42 Ils ramenèrent de là une parenté
00:05:47 Le vieil homme lui donna
00:05:52 et lui dit que, malade,
00:05:58 Quelle malchance !
00:06:00 N'être appelé que pour
00:06:04 Ema le trouva stupide.
00:06:07 On ne faisait plus
00:06:13 Mais elle comprit qu'il parlait
00:06:16 Elle ne le vit plus
00:06:18 et ne pensa plus à lui.
00:06:23 Carlos Païva rentra chez lui.
00:06:25 Sa femme se lavait les pieds.
00:06:27 Elle avait un impétigo
00:06:30 et s'appliquait des poudres jaunes.
00:06:36 Elle était renfrognée,
00:06:38 grondait fort et s'habillait mal.
00:06:42 Soudain, Carlos se rendit compte
00:06:45 Il se fit doux et aimable
00:06:50 Il lui donna raison en tout.
00:06:53 Elle devint méfiante.
00:07:37 Il a vu quelqu'un,
00:07:38 pensa-t-elle avec une lucidité
00:07:52 Elle se mit à l'espionner.
00:07:54 Le temps passa
00:07:58 Allez savoir quand le coeur souffre
00:08:01 ou met du charbon
00:08:27 Dites-moi...
00:08:32 Réponds-lui !
00:08:34 Le Romesal !
00:08:36 Oui, prudence !
00:08:43 Il n'avait rien à dire
00:08:48 Celui-ci
00:08:51 C'était une froide journée
00:08:53 Il n'y avait pas de chauffage
00:08:57 Voyons, qu'est-ce qui
00:09:00 Carlos...
00:09:01 Paiva... Carlos Paiva.
00:09:03 Exact. Docteur Carlos Paiva.
00:09:06 Je cherche un vin fin.
00:09:09 Et je venais
00:09:12 Je voudrais une chose garantie,
00:09:14 de cave privée.
00:09:16 Je n'en ai pas,
00:09:18 mais ça peut se trouver.
00:09:20 C'est plus cher !
00:09:23 Une boisson pour les rois,
00:09:25 mais eux boivent de la piquette
00:09:33 Je suis, je peux vous jurer...
00:09:38 Ema semblait plus belle.
00:09:42 Ses cheveux tombaient
00:09:45 sur son pull-over de pêcheur.
00:09:49 Le docteur Carlos !
00:10:02 Non... Je ne me souviens pas.
00:10:05 Ema dit que non,
00:10:11 Elle le trouva beau,
00:10:12 avec les dents régulières
00:10:16 Pour elle,
00:10:19 et avoir des dents semblables.
00:10:22 À Lamego ?
00:10:24 Oui, Lamego.
00:10:36 J'ai des malades à voir...
00:10:39 Visite de médecin, vraiment.
00:10:42 Ema, apporte un verre
00:10:45 Il n'y a pas de biscuits.
00:10:50 Ne vous dérangez pas.
00:10:52 Carlos vit l'oratoire ancien.
00:10:55 Il fut surpris par
00:11:00 C'est une belle pièce,
00:11:04 et que vénère ma soeur Augusta.
00:11:11 Tais-toi, Jordão !
00:11:16 Cardeano raccompagna Carlos
00:11:22 par le grand portail
00:11:29 Carlos repartit
00:11:36 se disant:
00:11:53 Ema était restée orpheline
00:11:56 Un jour, elle eut mal
00:11:58 et on y mit du lait maternel.
00:12:05 Elle se souvenait du sein
00:12:07 et du lent goutte-à-goutte.
00:12:36 Le reste était
00:12:39 avec le ventre de sa mère
00:12:42 où tout bougeait avec
00:12:47 Peut-être les parois
00:12:49 aux plis cédant sous le poids,
00:12:53 la nutrition et la croissance
00:13:50 Ma tante,
00:13:53 et priez tant qu'un fauteuil
00:14:06 Tu as raison.
00:14:08 Dieu sait bien que je ne peux
00:14:14 Tu devrais croire
00:14:18 et prier
00:14:20 au lieu de lire
00:14:23 Les femmes n'ont pas
00:14:27 Ça ne les concerne pas vraiment.
00:14:31 Pourquoi ?
00:14:34 Pourquoi ?
00:14:35 Parce qu'elles sont très puissantes,
00:14:39 même sans lire "Amadis"
00:14:43 qu'aimaient d'ailleurs
00:14:46 et sans aucun latin.
00:14:49 Ema regardait l'oratoire
00:14:52 comme si elle se défaisait
00:14:56 plein de broderies
00:14:59 C'était comme le souvenir
00:15:04 de sa mère morte,
00:15:07 qui fonctionnait comme un décor.
00:15:11 Vous avez peur de moi.
00:15:13 Vous seriez plus tranquille
00:15:18 Vous voudriez me voir
00:15:21 et un rosaire
00:15:32 Ce rire fin et vibrant
00:15:36 était comme le chant
00:15:38 répondant à l'appel lointain
00:15:44 Mademoiselle !
00:15:51 Religieuse, notre petite !
00:15:53 Eh oui, on dirait...
00:15:56 Manquait plus que ça !
00:15:58 Marina n'était pas commode
00:16:01 et les garçons reculaient
00:16:06 Et moi, je vous dis...
00:16:08 Si bonne et si belle,
00:16:13 Branca était plus docile.
00:16:15 Elle aimait les hommes,
00:16:18 juste par vice.
00:16:21 Alice avait son plan:
00:16:23 Se marier
00:16:27 Toutes lui rapportaient
00:16:31 La lavandière était muette,
00:16:33 d'une famille de muets
00:16:37 Mais Ritinha, curieuse et heureuse
00:16:42 semblait un cep de vigne
00:16:47 La maison était une ruche
00:16:51 d'intrigues,
00:16:55 On parlait du désir, du sexe,
00:16:58 de passions diverses
00:17:07 Elle n'entend pas. Ça ne sert
00:17:09 C'est sûr, mais elle en sait
00:17:11 plus que nous !
00:17:12 Pour ça oui ! Elle reconnaît
00:17:17 Et le sang sur le linge !
00:17:18 Rouge et vif,
00:17:22 Sombre, il est d'une femme mariée.
00:17:25 S'il est plus épais,
00:17:28 Eh oui ! Et puis tu sais...
00:17:30 Comment savoir,
00:17:33 Mais on voit dans ses yeux
00:17:37 et dans ses gestes
00:17:39 Ne pas réagir
00:17:43 Regardez-moi ça !
00:17:45 Quel dommage de vous voir
00:17:49 les bras dans l'eau froide,
00:17:50 au lieu de se chauffer
00:17:53 Et puis quoi encore, épouvantail ?
00:17:56 Ah, ça...
00:17:59 Fiche le camp d'ici !
00:18:11 Ah, les hommes !
00:18:13 Tu soupires ?
00:18:15 Et toi ? Peut-être pas !...
00:18:17 - Et non !
00:18:21 Et non ! Voilà tout.
00:18:22 Voilà, voilà, non !
00:18:24 Voilà, oui !
00:18:25 Un coup, oui. Un coup, non !
00:18:34 Belle comme elle était,
00:18:36 Ritinha n'échappait pas
00:18:39 Elle voyait dans leur regard
00:18:44 Mais elle résistait.
00:18:46 Même quand survint un amoureux
00:18:48 et qui voulait l'épouser.
00:18:51 Elle pressentait qu'elle aurait
00:18:55 et que son mari se tuerait
00:18:59 Ainsi elle demeura pure
00:19:05 Jusqu'à quatorze ans,
00:19:06 Ema n'avait pas mis le pied
00:19:10 Même le jour
00:19:13 elle reçut le Seigneur
00:19:16 Elle sortit une fois, et juste
00:19:20 personnes distinguées,
00:19:23 qui passaient l'hiver à Cascais.
00:19:26 Elles la reçurent
00:19:37 C'étaient deux soeurs.
00:19:42 Ema entra dissimulant
00:19:51 Elle monta l'escalier et prit peur
00:19:54 quand, au tournant, elle se vit
00:20:00 Elle resta comme hypnotisée.
00:20:29 Ensuite, elle entra
00:20:31 Dès que les soeurs la virent,
00:20:34 et sans se dire un mot,
00:20:36 la même idée funeste leur vint:
00:20:43 Cette enfant est déjà
00:20:50 Ema exprimait la limite
00:20:55 Sa beauté était une exubérance
00:20:58 et donc un danger.
00:21:12 Il y a quelque chose
00:21:16 Tout en elle a un air sinistre,
00:21:20 à commencer par la beauté.
00:21:23 Tu la trouves si belle ?
00:21:27 Comment expliquer...
00:21:39 Sa beauté se confond
00:21:47 Approche-toi.
00:21:59 Nous voulons te voir...
00:22:02 Oui...
00:22:05 Nous voulons te voir de près.
00:22:30 Tu es très bien.
00:22:35 N'est-ce pas, ma soeur ?
00:22:37 Elle n'est pas mal.
00:22:41 Ema sourit comme pour mordre
00:22:47 et les soeurs conclurent que,
00:22:51 elle serait
00:23:44 Alors, les dames Mello ?
00:23:50 Rien d'agréable.
00:23:52 Elles m'ont flairée
00:23:56 Mais elles ont de l'éducation !
00:23:58 Peut-être. Une éducation
00:24:02 et les nerfs solides.
00:24:06 N'es-tu pas trop sévère, ma fille ?
00:24:09 Je dis ce que je pense.
00:24:17 J'ai une surprise pour toi.
00:24:35 Un souvenir
00:26:22 Insolents !
00:26:54 Elle ne savait affronter
00:26:58 capable de la dénuder
00:27:02 N'était-ce pas
00:27:04 Eux, n'étaient-ils pas innocents ?
00:27:07 Et elle, la cause
00:27:10 fermée à toute générosité.
00:27:22 Leur désir lui semblait
00:27:26 la seule chose
00:27:28 si patiemment la mort.
00:27:32 Ses apparitions à la terrasse
00:27:37 Ce mur était une sorte de rempart.
00:27:41 On écrasait aussi
00:27:44 On partait en zigzag,
00:27:50 Les choses empirèrent et vinrent
00:28:14 Marina ! Alice !
00:28:27 J'ignore tout ce qui se passe ici !
00:28:32 Qu'y a-t-il avec ma fille ?
00:28:35 d'accidents contre le mur
00:28:39 Il y a même des morts.
00:28:42 Réponds, Marina.
00:28:44 La demoiselle...
00:28:46 Oui... Mademoiselle Ema.
00:28:49 Elle va sur la terrasse...
00:28:53 Ce sont les fenêtres
00:28:58 Ce n'est pas la demoiselle.
00:29:03 Absolument !
00:29:05 Quand il disait "absolument",
00:29:08 il le faisait, comme les avocats,
00:29:13 Il fut convenu
00:29:16 embrasées par le soleil,
00:29:18 renvoyaient les rayons
00:29:22 Cette véranda vitrée était
00:29:27 et de fleurs rouges.
00:29:30 De là, on faisait signe
00:29:33 qui emmenait à Porto
00:29:42 Ce sont des amours...
00:29:45 Ema est tombée malade
00:29:58 Les prières n'ont pas manqué.
00:30:01 Mais la jambe gauche
00:30:04 Elle est restée handicapée.
00:30:07 Ça ne se voit pas.
00:30:09 Comment, ça ne se voit pas !
00:30:10 Celui-là, il ne peut pas
00:30:13 Quoi d'étonnant ?
00:30:15 La beauté est ce qui sape le plus
00:30:18 Nelson avait renoncé
00:30:22 Il avait avec Branca,
00:30:25 une liaison secrète,
00:30:28 mais c'était Ema qu'il aimait.
00:30:31 Je ne me trouve pas si jolie !
00:30:34 Parce que vous n'aimez pas
00:30:36 - Celui-là, il en pince !
00:30:39 Mais là,
00:30:41 cette terrasse fatidique,
00:30:44 notre maire, ici présent,
00:30:46 voulait que je recule le mur !
00:30:49 J'ai craint un mandat
00:30:51 Ce n'est pas tout à fait ça.
00:30:53 Ma charge impose
00:30:57 Les gens se plaignaient...
00:30:59 Un mot, pas plus:
00:31:01 Ce qu'un père
00:31:04 Le prix à payer
00:31:06 Enfin elle n'y va plus,
00:31:09 Si belle,
00:31:11 Une fille si belle
00:31:15 Je suis bien de cet avis...
00:31:18 Je ne devrais pas,
00:31:30 C'est vrai.
00:31:34 Elle a beaucoup de prétendants.
00:31:39 mais j'aurai
00:31:42 comme ceux du Dr Carmezin.
00:31:45 Des amours...
00:31:47 Qu'en dis-tu, Ema ?
00:31:51 Papa, nous n'allons pas
00:31:56 Quel plus grand amour
00:31:59 pour qui la beauté
00:32:04 Belle phrase !
00:32:08 Branca !
00:32:23 Ema ! Tu n'as pas honte !
00:32:58 "Ce jour-là, partant chasser,
00:33:00 "J'ai pris un beau canari.
00:33:03 "Alors j'en ai fait cadeau
00:33:05 "À la fille de notre roi.
00:33:07 "La fille de notre roi,
00:33:09 "Elle est riche et brésilienne.
00:33:12 "Elle a commandé une cage
00:33:16 "Une fois la cage prête,
00:33:20 "De jour, comme de nuit,
00:33:25 "Le canari s'est échappé.
00:33:29 "On a fait venir et consulté
00:33:31 "Vingt et un chirurgiens.
00:33:33 "Mais après les médecins
00:33:36 "C'est la puce qui est arrivée,
00:33:39 "Mourut le triste canari,
00:33:44 "La dernière nuit,
00:33:48 "Sur le dos d'une fourmi,
00:33:50 "Belle Josefa,
00:34:25 Rêves, envies, manies
00:34:29 qui ne sont rien de plus
00:34:33 d'arracher des symboles du corps,
00:34:36 le sexe et les yeux
00:34:39 la nature de la personne, dans tout
00:34:44 Mouvements ignobles,
00:34:46 pareils à l'antique cohorte
00:34:50 vouées à une ascèse interdite
00:34:54 pour attribuer à l'amour
00:35:00 Ema connaissait
00:35:05 où l'amour
00:35:08 car il alimentait
00:35:11 au travers
00:35:22 Le temps passa.
00:35:23 Tante Augusta tomba malade.
00:35:26 La mort survint,
00:35:30 Ema subit un choc.
00:35:33 Bien que sa tante fût discrète,
00:35:37 Ema sentit vivement
00:35:39 Branca, la bonne,
00:35:44 Prise de fortes douleurs
00:35:49 et on fit venir en urgence
00:36:35 Carlos fut surpris de voir Ema
00:36:38 plus belle et svelte,
00:36:41 marquée maintenant
00:36:46 Ema trouva Carlos abattu
00:36:49 et se découvrit un goût
00:36:53 comme une récompense
00:37:14 Merci d'être venu à mon appel.
00:37:16 Tout est arrivé si vite.
00:37:19 Des malheurs, il ne m'arrive
00:37:24 Je suis arrivé trop tard ?
00:37:26 Non, pas pour ma pauvre soeur.
00:37:31 Que Dieu la garde !
00:37:34 Mes condoléances.
00:37:36 Merci beaucoup.
00:37:37 Merci beaucoup.
00:37:41 Mais vous-même,
00:37:45 Ma femme est morte.
00:37:50 Une chose subite aussi.
00:37:53 Nous sommes désolés.
00:37:57 Merci beaucoup.
00:38:08 Les sacrifices d'Ema étaient
00:38:14 Elle n'allait plus à la terrasse
00:38:17 se montrer dans toute sa beauté.
00:38:21 Pourquoi être si belle
00:38:23 si c'était pour être admirée
00:38:26 par des caissiers
00:38:36 J'aimerais que
00:38:41 Elle a de fortes douleurs.
00:38:46 Accompagne le Dr Paiva.
00:38:59 Veuillez me suivre.
00:39:45 Branca, c'est le docteur Paiva.
00:39:49 Entrez, je vous prie.
00:40:04 La faiblesse imitait la force.
00:40:07 Un coup habile,
00:40:12 Le coup n'avait pas de lois
00:40:14 et prendrait les formes
00:40:18 Ema comprit qu'elle ne pouvait
00:40:21 Dissimuler, passer pour morte.
00:40:40 Oui, c'était Nelson,
00:40:42 le séminariste sans vocation
00:40:47 Branca, enceinte de lui,
00:40:49 avait avorté en grand secret
00:40:53 à l'insu de toute la maison.
00:41:22 Carlos décida de garder le secret
00:42:08 La beauté s'ouvrait
00:42:10 à la surface soyeuse
00:42:14 Elle était comme
00:42:17 un petit animal
00:42:22 les grâces du prédateur.
00:42:34 Elle sentait que les liens
00:42:38 et l'amour des chemins
00:42:42 Comme elle défaisait ses cheveux,
00:42:46 son coeur perdait
00:42:51 où pourtant elle puisait un bonheur
00:43:01 Sa mère était la quatrième fille
00:43:03 d'une maison aisée
00:43:09 Ema se rappelait
00:43:13 emplissant des boîtes à chapeaux,
00:43:15 et que sa mère recevait
00:43:24 Le séminariste, Nelson,
00:43:29 dont la sensualité résidait
00:43:32 La mariée le viola presque
00:43:38 Elle mourut vite,
00:43:41 comme on laisse
00:43:46 Au printemps,
00:43:48 Ema était fiancée.
00:43:49 Carlos se sentit
00:43:53 Il repoussa deux fois le mariage
00:43:55 comme pour prouver
00:44:00 Il craignait surtout
00:44:04 qui se distinguait si bien
00:44:07 de son éducation.
00:44:10 Regarde là-bas.
00:44:14 Ema pensa
00:44:18 de ces poissons géants
00:44:20 qui sortent rarement
00:44:23 Comme ça,
00:44:25 Viens voir, il a changé.
00:44:29 Non, Mademoiselle... C'est le Douro.
00:44:32 C'est un homme.
00:44:33 Un homme ?
00:44:35 De si loin, un homme serait
00:44:39 Le fleuve est trouble.
00:44:42 On ne voit pas bien
00:44:45 Un bateau !
00:44:47 Ça doit être ça...
00:44:49 J'y suis ! C'est le bateau qui
00:45:10 Quelle bêtise ! Je me marie...
00:45:13 C'est absurde !
00:45:16 Doux Jésus ! Sainte Vierge !
00:45:20 Marina la distrayait
00:45:23 Puis Branca l'aida à s'habiller,
00:45:26 amenant Judith, la couturière,
00:45:38 Quelque chose de bleu,
00:45:43 Autre chose en bleu.
00:45:48 Les chaussures bleues,
00:45:50 Du bleu ! Beaucoup de bleu !
00:45:58 Carlos voulut
00:46:01 eût lieu dans la chapelle
00:46:04 M. Cardeano accepta pourvu
00:46:14 ...afin de vous recevoir
00:46:18 consacrant un lien éternel,
00:46:25 Le mariage est une convergence
00:46:30 qui pousse deux êtres
00:46:34 en un destin commun,
00:46:39 Nelson, le séminariste,
00:46:42 par manque de vocation,
00:46:44 marié maintenant
00:46:47 aimait en fait Ema.
00:46:51 Quand il apprit le mariage,
00:46:56 et s'écroula sur une chaise
00:47:01 Il se rappelait le temps
00:47:05 dans la véranda,
00:47:08 et autres plantes de serre,
00:47:10 où vivait
00:47:12 qui, en entendant gémir les amants,
00:47:15 gazouillaient de joie.
00:47:17 Carlos, vous avez dû penser
00:47:22 Est-ce de votre propre volonté
00:47:24 que vous épousez Ema,
00:47:29 Oui.
00:47:32 Ema, vous avez dû penser
00:47:36 Est-ce de votre propre volonté
00:47:38 que vous épousez Carlos,
00:47:44 Oui.
00:48:30 Ema, reçois cette alliance
00:48:32 en gage de mon amour
00:48:36 Au nom du Père,
00:48:43 Carlos, reçois cette alliance
00:48:46 en gage de mon amour
00:48:50 Au nom du Père,
00:48:58 Au Romesal, à la tombée
00:49:02 un rossignol chantait
00:49:05 qu'il ravissait l'âme
00:49:32 Des fenêtres du Romesal
00:49:37 terre des Païva,
00:49:44 Ema ne put convaincre Branca
00:49:47 Elle craignait de manquer
00:49:50 Marina s'excusa aussi:
00:49:54 Seule Ritinha, la muette,
00:50:12 Oui !
00:50:15 Non, il n'est pas là...
00:50:17 Vous pouvez le joindre
00:50:20 De rien.
00:50:32 Carlos partait faire ses visites.
00:50:35 Ema se sentait abandonnée.
00:50:39 Et même,
00:50:42 Carlos opta pour
00:50:45 afin de respecter
00:50:56 Ritinha, la muette,
00:51:02 Elle avait développé en elle
00:51:10 Rien ne lui échappait.
00:51:12 Elle était dévouée et fidèle
00:51:18 Ema avait pour elle
00:51:22 Elle lui remettait tout:
00:51:25 Clef, vins,
00:51:43 Tu viens avec nous ?
00:51:46 Non, je reste ici
00:51:50 Rentre avec nous, Ema.
00:51:51 Non, je suis bien ici.
00:51:55 Puisque tu es si bien,
00:52:09 Les soeurs de Carlos
00:52:13 d'avoir perdu un mouchoir.
00:52:16 Ritinha partit,
00:52:23 Carlos la jugeait inutile,
00:52:26 elle ne répondait pas
00:52:31 Cela fit de la peine à Ema.
00:52:37 C'était son fou, sa suivante.
00:52:41 Le maillon qui la liait
00:52:44 à son bel espace de couloirs
00:52:47 à son enfance.
00:52:52 Avec l'intention de briser
00:52:56 Carlos l'emmena le dimanche suivant
00:53:01 chez les Semblano,
00:53:02 un couple issu des familles
00:53:08 Évangile de Notre Seigneur
00:53:13 selon saint Luc.
00:53:15 Gloire à vous, Seigneur.
00:53:17 En ce temps-là,
00:53:22 "Il y aura des signes dans le soleil,
00:53:26 de l'angoisse parmi les peuples
00:53:29 à cause du fracas des ondes,
00:53:34 dans l'attente des choses
00:53:39 car les puissances du ciel
00:53:42 Alors on verra dans une nuée
00:53:46 puissant et splendide.
00:53:49 Et quand cela commencera,
00:53:52 dressez-vous et levez la tête,
00:53:56 car votre délivrance approche.
00:53:59 Paroles de salut.
00:54:02 Grâce à Dieu.
00:54:07 Mes frères, nous avons la joie
00:54:12 pour célébrer l'eucharistie.
00:54:16 Nous venons d'entendre
00:54:20 qui nous a été annoncée
00:54:24 et qui nous parle
00:54:28 Dans un moment,
00:54:33 au travers du sacrement,
00:54:39 Commence pour nous
00:54:42 et l'Avent est un chemin
00:54:46 et d'espoir
00:54:50 Noël nous transporte dans le temps
00:54:56 Pour assister à la naissance
00:55:01 Mais, en même temps, l'Avent
00:55:03 nous fait vivre la réalité
00:55:06 du Noël d'aujourd'hui.
00:55:12 Pour les soeurs Païva,
00:55:16 Carlos tomba dans l'infamie légitime
00:55:22 Il ne trouva rien de mal.
00:55:24 Elle était pure comme les étoiles.
00:55:28 M. Cardeano, désormais seul,
00:55:32 se tenait devant l'oratoire
00:55:37 Une fois sa fille mariée,
00:55:40 il se mit à pleurer
00:55:42 Cela le rendit
00:55:45 Pour lui, sa fille
00:55:53 Il avait l'impression que Carlos
00:55:59 Il resta le regard et la pensée
00:56:09 Ritinha, la muette,
00:56:13 Ema, qui venait de cette maison
00:56:17 se sentait perdue au Val Abraham.
00:57:44 Tout commença quand Carlos
00:57:50 Il eut une invitation expresse
00:57:53 qui en profitaient
00:57:56 sans s'engager.
00:58:00 Il avait plu
00:58:04 L'éclat des feuilles et des étoiles
00:58:07 entre les branches,
00:58:10 donnait à cette nuit
00:59:56 Vous permettez ?
01:00:12 Vous n'êtes pas du genre
01:00:17 Pourquoi ?
01:00:19 C'est un bal
01:00:22 Vous en connaissez un autre ?
01:00:24 Non. J'ai dit
01:00:27 Ne se ressemblent-ils pas ?
01:00:32 Au cinéma...
01:00:38 Lumiares n'écoutait pas.
01:00:41 Il pensait que,
01:00:44 elle provoquerait un choc
01:00:49 Je vous ai contrarié ?
01:00:51 Comment peux-tu l'être
01:00:55 Mais jamais de la vie !
01:01:02 Je songeais comme la beauté
01:01:07 Regardez donc.
01:01:10 La Lune
01:01:14 et l'Ange, main sur le coeur,
01:01:19 Regardez celui-là.
01:01:20 Il montre le Soleil.
01:01:25 Roi de la création,
01:01:28 Cupidon, devenu ange, l'adore.
01:01:33 Une belle femme
01:01:35 peut cacher, dans son visage
01:01:39 le feu d'un désir ardent.
01:02:11 Oui, quand elle a le visage
01:02:13 Laissez-moi
01:02:16 propriétaire du domaine
01:02:20 Fernando Osorio.
01:02:22 L'épouse du Dr Carlos Paiva.
01:02:24 Enchanté de vous connaître.
01:02:35 Et si nous faisions
01:02:39 C'est une musique
01:02:43 C'est de nouveau à la mode.
01:02:45 Voulez-vous danser ?
01:02:47 Je danse mal.
01:02:48 J'insiste. Vous avez peur ?
01:02:50 Vous en prenez
01:04:54 C'est elle, cette Ema ?
01:04:56 Je viens de faire
01:04:59 Je vous la présente ?
01:05:00 Non. Mieux vaut
01:05:04 Vous m'accompagnez ?
01:05:05 Avec plaisir.
01:05:13 Qu'est-ce que j'ai fait ?
01:05:15 Elle ne se soucie pas de vous.
01:05:19 C'est un tigre de parade
01:05:21 qui ne connaît pas la jungle
01:05:25 Le mal n'est
01:05:27 Elle ignore s'il existe.
01:05:30 Elle est si invulnérable ?
01:05:33 Tout le monde l'aime.
01:05:35 Même ses ennemis
01:05:47 On dirait l'infirmier de nuit.
01:05:57 Carlos ! Carlos !
01:06:03 Pardon.
01:06:06 Une chance que tu sois là.
01:06:08 Je te présente
01:06:11 Simona, ma femme.
01:06:12 Puisque c'est l'heure
01:06:15 je fais celle de ma personne
01:06:17 à la belle dame
01:06:19 que notre cher docteur
01:06:23 a su prendre pour épouse.
01:06:33 Savez-vous qui je suis ?
01:06:35 Moi-même, je l'ignore !
01:06:37 On m'appelle le vieux Semblano.
01:06:39 On me dit lubrique
01:06:47 Je déteste les retraites
01:06:51 et j'ai peur
01:07:01 Le vieux Semblano,
01:07:04 était content de lui.
01:07:07 Le bal des Jacas,
01:07:11 resta longtemps dans l'esprit d'Ema.
01:07:15 Chez elle, au Val Abraham,
01:07:18 elle respirait les cigarillos
01:07:23 et son ventre s'émouvait
01:07:28 qu'elle trompait avec Carlos,
01:07:31 au lit, quand ils se couchaient.
01:11:52 Déjà couché ?
01:12:29 Éteins l'électricité.
01:12:31 Je te vois mieux...
01:12:35 Tu es si belle !
01:12:39 Pourquoi veux-tu éteindre ?
01:12:42 Pour que ce soit plus...
01:12:52 romantique.
01:13:23 Tu ne viens pas ?
01:13:26 Il comprit qu'Ema
01:13:31 qu'il ne l'imaginait.
01:13:36 Ce fut lui, Pedro Lumiares
01:13:38 qui la mena, presque par la main,
01:13:43 et la présenta à Maria Loreto
01:13:48 avant que Carlos n'y songeât.
01:13:50 Mais Carlos les accompagna.
01:13:53 Ema,
01:13:57 Je ne sais que vous répondre...
01:14:17 Quelle meilleure réponse
01:14:22 Et Carlos,
01:14:27 il ne vous l'a pas encore appris ?
01:14:34 Vous croyez
01:14:38 D'accord. Quand on ne sait pas,
01:14:50 N'est-ce pas, Dr Paiva ?
01:14:54 L'amour est quelque chose...
01:14:56 ...de plus intime.
01:15:01 Et Ema...
01:15:02 Maria Loreto,
01:15:04 vous êtes d'accord ?
01:15:06 Si votre mari le dit !
01:15:08 Intime, mais personnel,
01:15:10 très personnel !
01:15:12 Personnel pour vous.
01:15:14 Dans vos cas particuliers.
01:15:17 Les miens
01:15:21 Bien sûr.
01:15:25 D'abord celle qui distingue
01:15:28 C'est fondamental !
01:15:31 Il y a une grande similitude
01:15:35 Le chasseur poursuit sa proie
01:15:37 et la proie attire le chasseur.
01:15:42 l'amour se réalise.
01:15:44 Pour vous, la femme est comme
01:15:49 Non, Simona,
01:15:53 L'amour est même chez la femme
01:15:57 Regardez cette statuette.
01:16:01 Elle se donne.
01:16:03 Lui est silencieux
01:16:06 On ne sait quand
01:16:10 Il a des ailes.
01:16:12 La nuit et le clair de lune
01:16:15 L'amour a la fluidité d'un nuage.
01:16:18 Quand Psyché se réveille,
01:16:23 C'est pourquoi je ne l'aime
01:16:29 Qu'était-ce que l'amour ?
01:16:34 Pour Ema, il était nécessaire
01:16:45 Et toi, Carlos,
01:16:50 Ce que je dis ?
01:16:53 Je dis que je vis avec toi...
01:16:59 et je bois à notre amour, Ema.
01:17:03 Et aussi
01:17:05 à Madame
01:17:08 et à Monsieur Semblano.
01:17:10 Elle sourit.
01:17:14 Une boutade aussi inattendue
01:17:18 Elle sentait Carlos attaché à elle
01:17:22 loin de l'être romantique espéré,
01:17:25 qu'elle ne trouverait jamais.
01:17:28 Toutefois, elle était jalouse
01:19:26 Taisez-vous donc !
01:19:29 Les autres, on n'en parle pas
01:19:32 Les dames
01:19:35 Tu as chapeau à plumes
01:19:38 - Non.
01:19:40 Satan en porte.
01:19:43 Mais qu'en savez-vous ?
01:19:45 Je prends la fuite.
01:19:48 Ne t'enfuis pas.
01:19:53 Pourquoi ?
01:19:54 Satan aurait peur de toi.
01:19:58 Fernando Osorio était ruiné,
01:20:00 ce qui lui autorisait
01:20:04 Ruiné, pour lui, était avoir
01:20:09 au lieu de nager dedans.
01:20:23 Merci, Simona.
01:20:32 Carlos comprenait
01:20:36 Il voulut en préméditer
01:20:39 au plan de la famille,
01:20:41 jusqu'à ce que le sexe
01:20:47 Il lui donna à choisir
01:20:49 Un robot, à son avis, avec un atout
01:20:55 Il savait parler d'amour.
01:21:07 Je l'ai déjà dit à Simona:
01:21:09 Je suis un robot bien réglé,
01:21:14 Et du sexe.
01:21:21 Ema avait la capacité très rare
01:21:26 et de le faire courir
01:21:29 sur les cadavres
01:21:33 et obstinée.
01:21:45 Lumiares veut nous montrer
01:21:49 Mais il n'ira pas au-delà.
01:21:54 Cette femme est un brasier !
01:21:58 Et quelle beauté !
01:22:37 Tu as raison.
01:22:41 Pauvre Dr Paiva...
01:22:45 Elle gémit et fait gémir
01:22:49 Propos égrillard !
01:22:51 Il y en a qui ne gémissent pas,
01:22:56 Carlos, elle le fait gémir,
01:22:59 Hors du lit.
01:23:00 Elle est dépensière
01:23:02 et l'oblige à tirer
01:23:04 Oui...
01:23:08 La beauté n'a pas de prix...
01:23:09 Ni de profit...
01:23:12 On dit qu'il gagne plus
01:23:16 qu'aux calculs de la vésicule
01:23:38 Vous êtes heureuse, Ema ?
01:23:40 Oui, je le suis.
01:23:50 Pourquoi toujours
01:23:53 C'est un bouclier
01:24:00 Je n'y avais jamais pensé !
01:24:06 J'aime beaucoup lire.
01:24:09 Je lis n'importe où,
01:24:12 La maison semblait
01:24:15 Les fermiers le disaient.
01:24:17 Mais non. Lumiares,
01:24:20 et il avait une disposition intime
01:24:25 Ema se sentit diminuée.
01:24:27 Ça sert à dissimuler.
01:24:30 Dissimuler ? C'est un attribut
01:24:35 Je suis en train de dissimuler ?
01:24:39 Je crois qu'il se passe
01:24:43 la fièvre de l'ascension.
01:24:48 Vous n'avez ni ailes
01:24:51 Et vous ne voulez pas
01:24:55 car vous croyez à la gravitation.
01:24:59 En somme,
01:25:01 il vous faut un psychiatre
01:25:06 Vous vous trompez.
01:25:08 Quelle idée idiote,
01:25:12 par une chute
01:25:14 Ce n'est pas si simple.
01:25:17 Comment savoir
01:25:20 Que peut-on dire à la femme
01:25:23 L'homme s'applique à la vie
01:25:27 L'art, la guerre et les affaires.
01:25:31 La femme n'a pas la possibilité...
01:25:33 D'être comprise par l'homme.
01:25:37 Vous êtes heureuse, Ema ?
01:25:38 Vous me l'avez déjà demandé.
01:25:41 Il fait froid.
01:26:15 Nous voici deux couples bien unis.
01:26:18 Que voulez-vous dire ?
01:26:20 Le mariage est-il une mayonnaise ?
01:26:23 Carlos, il est temps de partir.
01:26:35 Excusez-moi. Au revoir.
01:26:51 Carlos me dit qu'il ne se fait pas
01:26:54 de dormir maintenant
01:26:56 Sous quel prétexte ?
01:26:58 Ce serait plus sain,
01:27:01 quand il rentre tard.
01:27:05 Tu sais,
01:27:10 Mais Carlos aime sa femme
01:27:13 la chair nue,
01:27:15 l'intimité d'une caresse
01:27:19 Mais c'est Ema,
01:27:22 ...par se suicider.
01:27:23 Oui, je crois
01:27:27 Enceinte.
01:27:29 Enceinte !
01:27:33 Par Ritinha.
01:27:34 La lavandière ?
01:27:39 Ema va voir son père
01:27:43 Cette Ritinha est sorcière.
01:27:46 Sorcière et indiscrète.
01:28:03 C'est une couronne d'étoiles
01:28:31 "Véranda" serait un mot celte
01:28:37 C'est possible.
01:28:41 On ignore le pourquoi
01:28:46 C'est comme un ventre,
01:28:50 et une simulation du désir.
01:28:53 Elle sert à courtiser le monde,
01:28:55 à prouver la condition
01:28:58 Elle permet un regard critique
01:29:00 qui enfante le péché,
01:29:02 en couvrant de son ombre
01:29:05 Elle est aussi
01:29:09 Elle est plus sensuelle
01:29:13 Celle du Val Abraham
01:29:16 Ema y passa
01:29:19 ses filles dans les bras.
01:29:24 Que tu es belle !
01:29:27 Que tu es folle, ma fille.
01:29:30 Lola, une enfant trop grande
01:29:34 Luisona, plus belle,
01:29:39 qu'elle ne pleurait jamais.
01:29:42 Ema ne savait quel genre
01:29:47 se souvenant que sa mère
01:29:49 n'avait pas souffert
01:29:51 et que, blessée,
01:29:55 ni par le feu, ni par le fer.
01:30:01 Rentrez, les enfants !
01:30:11 Tu pars toujours au Vésuve ?
01:30:14 Oui, j'ai besoin de repos.
01:30:19 Tu as tes soeurs
01:30:23 Tes filles
01:30:25 Ce n'est pas pareil, tu le sais.
01:30:28 Quelques jours, pas plus.
01:30:32 Très bien.
01:30:36 Soit.
01:30:45 Ce n'était pas le désir,
01:30:47 mais la provocation qui la jeta
01:30:52 ou avec un autre.
01:30:54 Elle poussa plus avant
01:30:58 où, d'avance, l'accusé,
01:31:05 Oui, je vais au Vésuve.
01:31:17 Presque aussitôt, Ema accepta
01:31:22 un homme riche,
01:31:26 divorcé, dont les trois fils
01:31:58 Tu vois, mon oncle ?
01:32:02 Et toi ?
01:32:06 Tu n'es pas capable d'en avoir
01:32:11 Il est riche. Si j'avais
01:32:16 Je verrais quoi ?
01:32:18 Comme elles me tomberaient
01:32:22 Tu es fort en gueule.
01:32:24 Les femmes veulent des égards.
01:32:30 Tu es trop jeune
01:32:33 Vous les savez peut-être !
01:32:34 Tu crois que non, mais oui !
01:32:37 C'est tout un art, Fortunato !
01:32:40 Mais, je te le dis, cette femme
01:32:44 est de celles
01:32:46 On dirait que vous...
01:32:48 Ne dis pas de bêtises !
01:32:52 Et puis, tu sais...
01:32:54 On ne peut plus plaisanter ?
01:32:57 Attendez ! Je viens aussi.
01:33:06 Là, tout près,
01:33:08 était un ponton où l'eau
01:33:17 Deux planches pourries
01:33:20 si on n'y prenait garde.
01:33:24 Ema fut aussitôt avertie.
01:33:31 On disait que la Bandi
01:33:34 comme Caruso à Manaus.
01:33:37 Ema écoutait Osorio
01:33:40 et tombait dans une songerie
01:33:43 se rappelant son cher Romesal.
01:33:48 Elle savait
01:33:51 en tant que gentleman européen,
01:33:53 avait envers qui
01:34:00 Et pour parler de théâtre lyrique,
01:34:03 puisque j'ai l'honneur
01:34:06 d'un maître du bel canto,
01:34:09 je le dis avec tristesse:
01:34:12 Nous vivons une époque où tout
01:34:17 Le lyrique n'existe plus.
01:34:20 Qui sont ces deux invités ?
01:34:22 Le plus gros, c'est Balthazar,
01:34:26 qu'Osorio a fait venir
01:34:30 L'autre, c'est Pedro Dossem,
01:34:35 qui se dit parent
01:34:37 sur la foi du chroniqueur padouan,
01:34:41 qui, en 1441, a consigné Doson
01:34:45 comme étant son nom de famille.
01:35:02 Pour toi, l'opéra est fini ?
01:35:04 Nullement.
01:35:06 Mais nous vivons une époque
01:35:11 L'amour... voyons l'amour.
01:35:14 Il n'y a plus d'amour lyrique.
01:35:16 Les plaisirs de l'hypocrisie
01:35:21 Vous croyez ?
01:35:23 Chère Ema,
01:35:26 il n'y a plus de sensibilité
01:35:28 pour un cycle historique
01:35:30 la bataille d'Alcacer-Quibir,
01:35:33 ou Waterloo et Trafalgar,
01:35:36 ou la révolution du 25 avril.
01:35:38 Tu exagères.
01:35:40 Exagérer ?
01:35:43 Les nouvelles institutions,
01:35:45 le transfert rapide des classes
01:35:49 calculés ou romantiques.
01:35:52 Oui, Monsieur, l'affection,
01:35:56 ces dons si humains
01:35:57 qui sublimaient
01:36:00 On n'aime plus comme avant
01:36:04 expression pure du sentiment.
01:36:06 Eh oui, malheureusement !
01:36:08 D'ailleurs, voyez
01:36:11 a sonné le glas de ces marques
01:36:15 pour les remplacer
01:36:18 Maintenant,
01:36:19 d'accord. C'est un discours
01:36:23 Qui domine tout.
01:36:25 Le peuple a été laissé
01:36:28 Ici et dans les colonies.
01:36:31 Il s'est créé
01:36:33 avec des pointes de vertu
01:36:37 On a changé d'attitude
01:36:40 face à la maladie,
01:36:45 La vie sexuelle
01:36:49 Elle a changé, Ema.
01:36:54 Il y aurait plus de libertés ?
01:36:56 Plus de libertés
01:36:59 Plus de sexe, mais sans amour,
01:37:04 Et d'homosexualité.
01:37:09 Il y a toujours eu des homosexuels.
01:37:11 On dirait que tu les défends.
01:37:14 Je ne défends ni n'accuse.
01:37:17 Je constate.
01:37:20 Mais tu ne l'acceptes pas ?
01:37:22 Je ne l'accepte pas
01:37:24 comme je n'accepterais pas
01:37:28 comment dire, contre nature.
01:37:33 Tu me rassures.
01:37:36 Mais il y a une explication à tout.
01:37:38 Peut-être ces cas d'homosexualité
01:37:41 sont-ils la conséquence
01:37:44 de restes d'androgynie.
01:37:46 Des restes d'androgynie ?
01:37:51 Ce sont des choses
01:37:55 Je parlais de restes
01:37:58 initial et certainement unique,
01:38:02 qui, à un moment donné,
01:38:04 s'est divisé et dispersé
01:38:08 Tu délires,
01:38:14 Ce n'est pas de la fantaisie,
01:38:16 Je parle sérieusement.
01:38:21 Quel sens donner
01:38:25 Absolument inutiles !
01:38:27 Ce sont
01:38:31 Ça me semble très compliqué.
01:38:34 La conversation a dévié,
01:38:38 Je voulais parler
01:38:41 De quoi donc ?
01:38:43 On ne vit plus
01:38:47 supporter une angoisse,
01:38:51 Pour quoi vit-on alors ?
01:38:54 Pour quoi on vit...
01:38:55 Oui, pour quoi vit-on ?
01:38:59 Écoute, on vit.
01:39:03 Drôle de réponse !
01:39:07 Ou on ne vit pas.
01:39:11 On vit pour entrer
01:39:18 On ne peut pas moins dire.
01:39:19 Tu n'acceptes pas ?
01:39:24 Voilà la réponse.
01:39:26 Belle, excellente réponse !
01:39:31 Ema se livra soudain
01:39:34 de maladie enracinée
01:39:40 Elle crut que la libération
01:39:44 Elle comprit vite qu'Osorio
01:39:48 comme Pedro Lumiares
01:39:52 avec sa manière faustienne.
01:40:09 C'est merveilleux !
01:40:12 On dirait le volcan
01:40:16 C'est vrai, l'ami.
01:40:21 Monsieur désire autre chose ?
01:40:23 Pas pour le moment.
01:40:25 À vos ordres.
01:40:38 On dirait un espion russe.
01:40:44 C'est toi
01:40:48 Qui as souillé cette âme,
01:40:56 Le délice de mon âme.
01:41:04 Tu avais ma confiance
01:41:12 A empoisonné pour moi
01:41:23 Traître,
01:41:26 C'est ainsi que tu remercies
01:41:31 de ton plus cher ami
01:42:05 Ô douceurs perdues,
01:42:11 Ô souvenirs...
01:43:44 Je te le dis:
01:43:51 Cet homme est un espion !
01:43:54 Tout en aimant Ema
01:43:56 et trouvant sa beauté
01:44:00 le snobisme latent d'Osorio
01:44:03 quand elle parlait de Dona Augusta,
01:44:06 prototype des bigotes,
01:44:09 dont la bonté était
01:44:12 Ema ne trompait personne.
01:44:17 Elle n'avait
01:44:20 Elle s'habillait et agissait
01:44:22 comme allant vaincre
01:44:26 En réalité,
01:44:30 régi par l'utopie du pouvoir
01:44:32 et de l'importance sociale.
01:44:49 C'est maman ? C'est elle !
01:44:54 Papa ? Il est sorti...
01:44:56 voir un malade.
01:44:59 Oui, nous allons bien.
01:45:04 Ça va passer.
01:45:08 Demande où elle est.
01:45:10 Où es-tu, maman ?
01:45:12 Où ?
01:45:14 Au Vésuve ? C'est beau là-bas ?
01:45:17 On pense beaucoup à toi.
01:45:22 Tu nous manques,
01:45:23 quand reviens-tu ?
01:45:26 Mercredi...
01:45:29 Ça va... Ça va...
01:45:31 Des bises...
01:45:34 Tu reviens mercredi ?
01:45:37 Des bises, plein de bises.
01:45:41 Allô ?
01:45:43 Elle a raccroché.
01:45:46 Maman revient mercredi.
01:45:53 "Nage, nage,
01:45:57 disait votre grand-père.
01:46:05 Dernièrement, elle s'est fait
01:46:08 Tomasia de Fafel.
01:46:10 Étrange, pourquoi ?
01:46:14 Elle n'est même pas belle.
01:46:18 Elle aime la chasse
01:46:22 La première de la haute société
01:46:25 Que l'on sache...
01:46:28 Non.
01:46:29 Elle l'a élevé aux yeux de tous,
01:46:34 Ema dit que
01:46:36 Fafel va en montagne sous l'orage
01:46:44 Vous savez, Maria de Loreto,
01:46:47 Ema admire ces choses-là
01:46:50 comme elle admire
01:46:56 Je me demande parfois
01:47:01 Ne cherche-t-elle pas à se mentir ?
01:47:05 Je ne sais que vous dire.
01:47:07 La vérité est que je vis en paix
01:47:10 parce que je lui passe
01:47:13 Enfin,
01:47:15 dans l'espoir qu'un jour
01:47:17 l'âge lui fasse oublier
01:47:22 Je ne crois pas, Dr Paiva.
01:47:24 Elle utilise l'arme des prophètes:
01:47:27 Effrayer pour attirer l'attention.
01:47:32 Sera-t-elle heureuse dans cette vie
01:47:36 Les relations de Carlos
01:47:39 qui n'étaient pas amants,
01:47:41 appartenaient à cette petite frange
01:47:44 qui se matérialisent par la parole.
01:47:47 Carlos n'avait jamais remarqué
01:47:51 qui le regardait avec commisération.
01:47:54 Elle a un regard doux.
01:47:56 Oui, compréhensif et compatissant.
01:47:59 C'est une belle figure de femme.
01:48:02 Catarina, vicomtesse de Benagasil,
01:48:05 C'est une huile de Roquemont.
01:48:08 Une femme très compréhensive
01:48:13 Je voudrais vous faire
01:48:16 si vous ne la savez pas déjà.
01:48:18 Mais cela peut vous aider...
01:48:21 Quand j'ai découvert
01:48:24 de préférence
01:48:27 j'ai compris
01:48:30 au-delà du désir ordinaire
01:48:34 Il s'imposait en lui une croyance
01:48:39 dépendant qu'il est
01:48:44 Écoutez, Carlos,
01:48:48 Ema, sur ce chapitre,
01:48:52 Ne soyez pas scandalisé.
01:48:53 C'est une façon de parler.
01:48:56 La beauté, toujours si discutable
01:49:01 Et Ema claudique.
01:49:04 Cela peut agir comme un ex citant
01:49:10 Mais c'est du caractère
01:49:13 Bon...
01:49:14 nous n'allons pas divaguer
01:49:17 d'ailleurs très délicat.
01:49:20 Justement,
01:49:22 je vais vous montrer
01:49:31 Ema était pour Maria Loreto
01:49:35 Celle-ci avait acquis dans
01:49:39 une vocation spirituelle,
01:49:44 alors qu'Ema était
01:49:47 peut-être
01:49:50 Toutes deux avaient
01:49:59 Se disant inapte
01:50:04 Maria obtenait
01:50:09 Ce qui était séduisant,
01:50:11 c'est que les hommes,
01:50:16 éprouvaient une jalousie platonique.
01:50:19 Mon mari se dégradait dans
01:50:36 dans des lits douteux,
01:50:41 J'ai préparé cette chambre
01:50:43 pour qu'aucun confort
01:50:56 Tout a été prévu,
01:50:59 aussi bien l'hygiène
01:51:04 Le plus curieux,
01:51:08 se livrant
01:51:13 n'en cédaient pas moins
01:51:16 imposée par Maria,
01:51:17 et restaient implacablement
01:51:24 L'amour a des secrets
01:51:26 que certains couples
01:51:28 Voyez jusqu'où va
01:51:30 Regardez cette table de chevet.
01:51:34 Mon mari n'est plus jeune
01:51:37 Ses relations fréquentes
01:51:40 fort bien choisies,
01:51:42 sont la pire chose
01:51:47 Vous voulez dire...
01:51:48 Exactement ! Lui faciliter
01:51:54 Comme médecin,
01:51:57 Les femmes s'en passent mais
01:52:02 tous les secours sont bons.
01:52:11 Le lit est un peu haut
01:52:14 pour mon mari.
01:52:16 Il n'a plus votre vigueur.
01:52:23 Carlos, n'allez pas imaginer...
01:52:28 Mon Dieu ! Maria Loreto...
01:52:31 Ne dites rien...
01:52:33 Il suffit que vous compreniez.
01:52:36 Mon propos est de vous aider
01:52:39 mais pas comme j'aide mon mari.
01:52:41 Vous êtes plein de vigueur.
01:52:44 Vous aider dans votre entente
01:52:49 La femme est aussi semblable
01:52:53 Comme femme,
01:52:55 elle est condamnée
01:52:59 une pensée, un plaisir,
01:53:05 Cela peut avoir l'air
01:53:08 Ce n'est rien
01:53:11 qui a souffert dans sa chair
01:53:15 les contingences
01:53:20 et d'un fils...
01:53:22 un homme oui,
01:53:27 Il tient de vous
01:53:30 Merci, Carlos.
01:53:33 C'est moi qui vous remercie
01:53:38 Le médecin vous connaît
01:53:40 et l'homme commence
01:53:43 Mais il y a de l'ignominie,
01:53:47 de l'indécence,
01:53:50 Oui, de l'ignominie.
01:53:56 Vous parlez
01:53:58 Je parle d'elle, de moi,
01:54:04 Nous sommes élevées
01:54:07 mais la conscience correspond
01:54:13 Que voulez-vous dire ?
01:54:16 C'est une chose à demi réelle
01:54:19 issue d'un signifié incomplet,
01:54:23 comme une côte qui manque.
01:54:27 Eve tirée d'Adam.
01:54:29 Votre différenciation
01:54:32 comme chose de femme,
01:54:35 un organisme
01:54:38 et l'expulse parce qu'étranger.
01:54:41 La maternité symbolise
01:54:45 en liaison avec l'absent.
01:54:48 Le vide du monde
01:54:53 Pensées de femme de lettres.
01:54:56 Oui,
01:55:01 Écrire, c'est donner
01:55:04 et à la société où nous vivons.
01:55:23 C'est votre fils,
01:56:29 Comment ça ?
01:56:33 Tu couches avec lui ?
01:56:44 Tu sais ce qu'il est ?
01:56:46 Qu'est-il ?
01:56:48 Un imbécile,
01:56:50 Au bal, ici même, c'est toi
01:56:54 Le bal...
01:56:57 comme s'il ne t'était
01:56:59 Osorio est un âne qui ne sait pas
01:57:03 Pour toi, personne ne vaut rien,
01:57:05 personne n'est bon à rien.
01:57:08 C'est désespérant
01:57:13 Tu m'as avoué une fois,
01:57:18 qu'Osorio avait fait glisser
01:57:23 Je ne m'en souviens pas.
01:57:26 Moi, oui.
01:57:31 Écoute bien, Ema.
01:57:34 Ne laisse faire par aucun homme
01:57:38 Sinon tu ne t'émanciperas jamais
01:57:42 Mais que veux-tu de lui ?
01:57:44 C'est un grippe-sous
01:57:49 C'est toi qui me l'as présenté.
01:57:51 Tu l'as déjà dit.
01:57:57 Ne retourne pas au Vésuve.
01:58:00 Vénus n'aime pas les femmes
01:58:03 Tu ne connais pas
01:58:06 L'illusion serait-elle aussi
01:58:10 On ne naît pas femme ou homme,
01:58:15 Toi et moi en sommes une négation.
01:58:19 Je sais pourquoi on t'appelle
01:58:22 C'est toi qui m'as appelée
01:58:25 Cette vipère de Loreto
01:58:29 Et pourquoi Bovaryette ?
01:58:32 Parce que Madame Bovary, non plus,
01:58:38 Ça a du sens, ce que tu dis.
01:58:40 Et ça m'explique beaucoup de choses.
01:58:43 Mais je ne vais pas me fatiguer
01:59:05 On n'apprend pas
01:59:08 mais plutôt avec les malentendus.
01:59:15 Je n'ai jamais compris pourquoi
01:59:18 et j'ai déjà lu le livre deux fois.
01:59:21 C'est un malentendu, certainement.
01:59:41 Nous ne devons avoir d'amis
01:59:47 C'est eux qui créent
02:00:01 Quand elle est allée demander
02:00:04 elle est tombée sur un type
02:00:08 Tu sais ce qu'il a fait ?
02:00:11 Il a dit qu'il n'en avait pas.
02:00:13 Il l'a dit avec ce calme parfait
02:00:18 Bien dit et bien fait.
02:00:33 Les hommes sont de fieffés avares.
02:00:36 C'est le seul rôle
02:00:43 Mon père,
02:00:47 même pour les allumettes
02:00:49 avait l'air d'un mur, lisse,
02:00:54 un mur impossible à escalader.
02:00:58 Je l'ai volé souvent.
02:01:03 Je contournais ainsi
02:01:07 Ça ne m'étonne pas de toi !
02:01:12 Tu ne distingues pas bien
02:01:17 La comédie l'emporte sur la vie,
02:01:22 Tenir un rôle réduit la faute
02:01:26 Elle n'est pas dévastatrice
02:01:30 C'est agréable
02:01:33 Mais est-ce la vérité ?
02:01:35 Je ne sais pas.
02:01:38 Il y a un espace vide dans la pensée
02:01:43 C'est ce qui nous permet un langage,
02:01:45 un exercice de calcul qui produit
02:01:52 Nous disons:
02:01:55 La terre est ronde
02:01:57 ou: La femme, c'est l'utérus.
02:02:00 Ça n'a pas de sens
02:02:05 Tout ce qui jette dans le désordre
02:02:10 Tu dis:
02:02:12 Demain j'arriverai dans un endroit
02:02:17 mais tu veux que ta vie présente
02:02:20 et non l'expression de toi-même.
02:02:24 Forniquer n'est pas
02:02:30 c'est une chose qui te déplaît
02:02:35 C'est la façon de sentir
02:02:39 Tu veux dire
02:02:50 Celui qui est heureux en amour
02:02:53 est un imbécile.
02:03:24 Ema augmentait toujours
02:03:29 se servant
02:03:31 Faire des dettes,
02:03:33 provoquer
02:03:37 Le sens fugace du plaisir,
02:03:41 Elle était prête
02:03:44 au travers
02:04:05 Maintenant, Ema était là,
02:04:10 Ce n'était pas fréquent.
02:04:12 Lolota et Luisona
02:04:18 C'était la fête
02:04:21 animée chaque année
02:04:26 Ema se rappelait son enfance,
02:04:29 quand, de la véranda du Romesal,
02:04:32 elle s'extasiait
02:04:35 Elle se rappelait l'oratoire
02:04:39 les indiscrétions avec
02:04:43 Marina, Branca et Alice.
02:04:46 Elle se rappelait
02:04:49 par le rire
02:04:51 des femmes du Romesal,
02:04:53 où elle était maîtresse absolue
02:04:57 Tout cela disparut soudain,
02:05:00 d'autres choses vinrent
02:05:04 comme s'évanouissait en l'air
02:05:47 Ema retourna au Vésuve.
02:05:49 Osorio était avec sa femme
02:05:52 et ses fils qui lui pesaient.
02:05:55 Mais ni lui ni Ema n'oublièrent
02:06:11 Désappointée par son absence,
02:06:13 Ema mit une salopette bleue
02:06:16 pour se lancer à toute vitesse
02:07:05 Je peux vous aider, Madame ?
02:07:07 Tu ne m'as jamais offert
02:07:10 Vous êtes seule...
02:07:13 Tu m'as déjà vue seule !
02:07:20 Excusez ma hardiesse, mais...
02:07:22 Allez,
02:07:24 Vous y allez trop fort
02:07:27 Avec lui seulement ?
02:07:29 Tu viendrais à mon secours ?
02:07:32 Je ne vous laisserais pas chavirer !
02:07:36 Tu donnerais ta vie pour moi ?
02:07:40 Pour sûr, Madame.
02:07:43 C'est vrai ?
02:07:45 S'il le fallait,
02:07:47 je donnerais ma vie pour vous.
02:07:52 Alors, viens avec moi.
02:08:06 Attention, Madame.
02:08:09 Il y a deux planches pourries.
02:08:11 Tu me traites comme une enfant.
02:08:15 Je sais, Madame.
02:08:16 Tu me crois plus
02:08:19 Parfois on est distrait...
02:09:20 Mais une Bovary, comment ?
02:09:24 Ema n'éprouvait de désir
02:09:28 Elle réclamait des hommes
02:09:30 qu'elle soit un objet de désir.
02:09:35 Ce n'était pas du plaisir,
02:09:37 mais un paiement
02:09:48 Un parfum de roses vint battre
02:09:52 Il entrevit Ema dans la brume
02:09:56 calme, les mains sur la poitrine,
02:10:01 comme une novice en prière.
02:10:49 Elle ne se laissa pas posséder
02:10:53 permettant des caresses
02:10:58 qui était comme la blessure
02:11:08 Dans ce refus,
02:11:12 à son seigneur et maître.
02:11:14 Ema ne commettait pas
02:11:17 elle inaugurait un vice.
02:11:20 Bonjour, Madame Ema Paiva.
02:11:27 Bonjour.
02:11:28 Vous voulez
02:11:30 Oui. Et puis sortez.
02:11:32 Très bien.
02:11:34 Il écouta la douche
02:11:36 et donna libre cours
02:11:41 Fortunato !
02:11:58 Que se passe-t-il
02:12:02 Ce qu'il se passe !
02:12:05 Je dois veiller
02:12:08 J'en suis le maître d'hôtel.
02:12:12 Et d'ailleurs,
02:12:14 je n'aime pas cette intimité.
02:12:17 M. Osorio l'aimera encore moins
02:12:23 Je ne te dis qu'une chose:
02:12:27 Vous êtes jaloux.
02:12:29 Un peu de respect !
02:12:33 et aux invités de M. Osorio,
02:12:36 fondée par la ferme volonté
02:12:41 la trisaieule de notre patron.
02:12:46 Un peu de respect !
02:12:57 Fernando était absent
02:13:00 Ema disparaissait un jour ou deux
02:13:05 Même quand ils avaient
02:13:08 leurs baisers étaient légers
02:13:15 Seul avec Fortunato,
02:13:17 elle se défit
02:13:19 Elle connut avec lui
02:13:22 pas seulement sexuelle...
02:13:24 et surtout une rancoeur
02:13:30 Ce fut avec une férocité
02:13:35 qu'Ema se jeta
02:13:39 Épiés par Caïres, dévoré
02:13:44 Ema et Fortunato sentaient
02:16:16 Était-ce l'amour
02:16:19 Le Vésuve
02:16:23 ses patios
02:16:26 et surtout cette unité
02:16:31 l'odeur des pressoirs,
02:16:35 de l'eau de vie
02:16:40 Madame eut un cousin pour mari
02:16:45 Un autre mari dans sa maturité,
02:16:49 qu'elle appelait le mort.
02:16:52 Et le dernier, le préféré
02:16:54 pour la confiance qu'il lui
02:16:57 il y avait entre eux
02:17:01 mais des livres de comptes.
02:17:03 Madame l'appelait le disparu.
02:17:13 Le temps passa.
02:17:15 Fortunato eut peur et se refit,
02:17:20 de cette richesse
02:17:23 qui n'était pas
02:17:27 Osorio voyageait beaucoup.
02:17:29 Il avait été à Hongkong
02:17:33 où le pied s'enfonce dans
02:17:39 Ema revint au Vésuve
02:17:41 où elle écoutait
02:17:46 On la disait fougueuse et
02:17:50 ou dans l'administration
02:17:53 Elle avait congédié des voleurs
02:18:00 Ils partirent,
02:18:06 sans regarder les chandeliers
02:18:10 que Madame éteignit un par un
02:18:15 nettoyant la suie
02:18:18 comme une coquille.
02:18:28 Oh, Madame !
02:18:34 Que faites-vous ?
02:18:37 Et pieds nus !
02:18:40 J'aime sentir
02:18:47 Mais une dame comme vous...
02:18:52 Souvenirs d'enfance, Caires.
02:18:55 J'aidais Marina et Branca
02:18:59 Ça me fait du bien au corps
02:19:36 Laisse ça aux patrons !
02:19:45 Que je leur laisse ça ?
02:19:54 Voyons, une femme comme toi
02:20:00 n'a besoin de rien faire.
02:20:03 Ça me plaît de frotter !
02:20:06 Alors, tu es gouine...
02:20:07 C'est une réponse, ça ?
02:20:10 Grossier personnage !
02:20:15 Une femme comme toi
02:20:17 Assez de cochonneries
02:20:21 Quelle question ?
02:20:22 Vous savez très bien.
02:20:25 Qu'est-ce que je fais
02:20:26 si je dis aux patrons
02:20:31 Tu revendiques !
02:20:32 Je revendique ?
02:20:34 Pour sûr !
02:20:35 Mais quoi ?
02:20:36 Tes droits.
02:20:38 Quels droits ?
02:20:41 Tes droits de travailleur,
02:20:44 S'ils font mon travail,
02:20:51 Je suis la patronne ?
02:20:58 Je suis tombé
02:21:06 L'ami, qu'est-ce qu'il y a ?
02:21:08 Rien, patron.
02:21:10 Rien du tout.
02:21:13 Je porte ça.
02:21:14 Pose-le sur la marche
02:21:43 Il s'est mal conduit, Madame ?
02:21:45 Non, il ne savait pas
02:21:49 Il était même très drôle.
02:21:56 Méfiez-vous de ces gens-là.
02:22:00 Surtout de lui,
02:22:03 Faites-y attention.
02:22:05 À lui seul ? Ou à vous aussi ?
02:22:09 Madame !...
02:22:13 Je vous respecte.
02:22:17 ...du fond du coeur.
02:22:21 Je ne pense qu'à vous obéir.
02:22:25 Vous êtes tout pour moi
02:22:29 Si vous saviez
02:22:32 Je ne pense qu'à vous.
02:22:40 Si vous vouliez...
02:22:44 Que ne ferais-je pas !
02:22:46 Que vous arrive-t-il ?
02:22:50 Avec mon plus profond respect.
02:22:55 C'était une confession sincère,
02:22:58 douloureuse,
02:23:08 Je ne suis pas un fainéant
02:23:15 Je suis Caires,
02:23:17 le maître d'hôtel
02:23:21 pas un homme à mépriser
02:23:31 Un coquin,
02:23:40 Un infortuné,
02:23:51 un malheureux,
02:23:57 un pauvre diable,
02:24:05 un larbin...
02:24:15 Un malheureux,
02:24:21 un pauvre diable,
02:24:25 un larbin.
02:24:32 Seule Madame, livide,
02:24:37 fixait sur elle un regard
02:24:41 et sans signification.
02:24:44 Quand Osorio téléphona,
02:24:46 Ema fit comme si elle n'avait
02:24:57 "Va, ma fille,
02:24:59 "je suis là pour le recevoir,
02:25:01 "cet âne qui ne mérite pas
02:25:09 Ema eut l'impression que Madame
02:25:14 pour la jeter du haut du Vésuve
02:25:42 Tu penses comme un homme.
02:25:44 Tu es une femme
02:25:47 Tu te sens atteint
02:25:50 qu'engendre ta seule passivité.
02:25:53 Ta perte,
02:25:57 Ça ne te sert à rien.
02:25:59 Je le remarque maintenant,
02:26:03 Tu ne t'es pas lavé la tête ?
02:26:06 Voilà bien de tes questions !
02:26:08 Je voudrais être femme pour
02:26:11 Pas des pellicules.
02:26:14 Mais quelque chose
02:26:17 Des copeaux.
02:26:20 Tu vois les pellicules blanches
02:26:22 sur le blanc de ma veste.
02:26:24 Lumiares conta l'histoire
02:26:27 qui, à l'agonie,
02:26:28 fit venir la coiffeuse
02:26:32 La tante était à demi-morte.
02:26:34 Une toile cirée laissait couler
02:26:38 Elle choisit la coloration
02:26:42 mais ne voulut pas se voir.
02:26:50 La volupté de supporter
02:26:54 la volupté trouble passant
02:26:57 voilà ce qu'elle devait éprouver.
02:27:01 Seule une femme arrivait là.
02:27:04 Mais je suis un homme.
02:27:07 Flaubert a dit:
02:27:11 Et Flaubert était un homme.
02:27:13 On m'appelle la Bovaryette
02:27:16 mais je ne suis pas
02:27:18 Encore moins Flaubert.
02:27:20 Il n'y a que le même prénom:
02:27:26 Cardeano par le sang.
02:27:29 Paiva par le mariage.
02:27:33 Ema Cardeano Paiva.
02:27:41 Tu te moques de moi ?
02:27:43 Non.
02:27:46 Je parle avec
02:27:49 Ne t'étonne pas
02:27:52 Je n'ai pas de ligne du destin.
02:27:54 C'est de la mégalomanie.
02:27:56 Tu te trompes.
02:27:58 C'est le passé.
02:28:02 Tu ne peux fuir ce destin
02:28:07 Ce puits sans fond du désir.
02:28:09 Tu es implacable.
02:28:11 La vie,
02:28:14 c'est elle qui est implacable.
02:28:18 N'as-tu pas dit que Carlos
02:28:21 capable de mendier
02:28:24 Il a une âme de croque-mort.
02:28:26 Les honoraires qu'il envoie
02:28:28 après l'enterrement
02:28:49 Ma chère,
02:28:55 qui paie ton luxe,
02:29:00 L'argent doit venir
02:29:03 Je ne sais pas.
02:29:05 Il cache ce qu'il gagne
02:29:08 Il spécule,
02:29:13 En ce moment, des femmes vendent
02:29:18 Lumiares se demandait
02:29:21 une La Vallière de belle allure.
02:29:27 Elle avait même
02:29:29 excitant de la beauté
02:29:33 Satan aussi
02:29:37 La beauté a besoin
02:29:41 Pour le salut des hommes.
02:29:46 Ema aimait le mal
02:29:50 un vin maintes fois filtré,
02:29:53 passé au cours des ans
02:29:56 roulé, mystérieux,
02:29:59 profond.
02:30:22 C'était son très ancien bagage,
02:30:25 ce mal que la femme
02:30:28 délices, devoirs,
02:30:35 Pourtant il était impossible
02:30:39 mais laissant macérer
02:30:42 dans cette épice qui sale
02:30:51 Tu n'entends pas ?
02:30:56 Non.
02:30:58 Je ne suis pas si médiocre.
02:31:04 Je n'ai pas de succès
02:31:07 Les hommes deviendraient-ils
02:31:11 Qu'arrivera-t-il
02:31:16 Le rire va se figer,
02:31:18 les hommes soupirer
02:31:22 On dirait un chant funèbre.
02:31:26 Comme tu es belle !
02:31:31 Merveilleusement belle.
02:31:38 J'ai honte de l'être,
02:31:43 Ne le fais pas.
02:31:46 On ne donne à boire
02:31:49 Et je n'ai pas soif.
02:31:55 Ema pensa
02:33:07 Qu'arrive-t-il
02:33:10 La lune doit se colorer.
02:33:12 Se colorer, pourquoi ?
02:33:16 Parce que personne
02:33:22 Et à nous, qu'arrive-t-il ?
02:33:25 Tu ne me le dis pas ?
02:33:27 Il nous arrive un amour à deux.
02:33:30 Un amour aussi pernicieux
02:33:37 Les hommes s'enfermaient
02:33:43 y compris sur les femmes
02:33:46 Ema survivait à un nombre
02:33:49 dans les filières
02:33:52 Lumiares opposait
02:33:56 les charmes de sa femme
02:33:58 qui planaient
02:34:07 Il fallait à la femme
02:34:08 se comparer à un chien
02:34:13 Certaines
02:34:16 Le plus simple était
02:34:20 Quelle idée avait Ema
02:34:23 La privation du désir
02:34:27 de ne pas se lancer
02:34:31 L'humeur qui méprise
02:34:34 où vacillent le plus grand savoir
02:34:46 Son beau-père
02:34:49 Ils se virent comme deux hommes
02:34:53 sans vouloir déchiffrer
02:35:01 Carlos,
02:35:04 (mot imprononçable
02:35:07 Après son mariage avec Ema,
02:35:09 oubliant parfois sa passion,
02:35:12 conduisit en forêt
02:35:16 Ces amours de passage
02:35:23 Ema grandit dans des conditions
02:35:26 et favorables
02:35:29 qui, en tout, s'identifient
02:35:34 Votre fille,
02:35:39 je ne sais comment la retenir.
02:35:46 Je ne veux pas la brider.
02:35:50 Elle passe tout son temps
02:35:53 Et pour plusieurs jours.
02:35:55 Ses filles souffrent
02:35:58 Je ne lui ai rien refusé.
02:36:02 Et elle s'entoure
02:36:05 Qui voit-elle ?
02:36:07 Je l'ignore. Elle va ici et là.
02:36:11 Elle se réfugie au Vésuve,
02:36:14 Chez Osorio ! Fernando Osorio ?
02:36:19 Non. Ce n'est pas ça.
02:36:21 Il n'est même pas là.
02:36:25 Elle aime l'endroit et courir
02:36:32 On parle d'une amie,
02:36:37 très étrange, qui lui donne
02:36:41 Je ne tiens pas à la connaître.
02:37:03 Elle a un autre ami,
02:37:06 Pedro Dossem, homme raffiné,
02:37:13 Je crois même
02:37:17 Il a de la classe.
02:37:21 Toujours, toujours attendre
02:37:27 Je la sens perdue.
02:37:31 Je vis dans l'incertitude,
02:37:34 l'angoisse
02:37:36 les cheveux arrachés
02:37:41 C'est horrible !
02:37:51 Penser une chose pareille.
02:37:56 Ema s'est un peu égarée.
02:38:40 Un tel visage peut justifier
02:38:44 Son beau-père
02:38:46 Il se tut et pensa qu'Ema
02:38:51 Celui-ci, trop doux,
02:38:53 l'avait gâtée
02:38:56 Il pensa qu'il n'était pas bon
02:39:00 Carlos avait ce qu'il méritait.
02:39:02 Il y a autre chose,
02:39:05 une chose sérieuse.
02:39:07 Pourquoi ne pas l'avoir dite ?
02:39:10 C'est délicat.
02:39:13 Parlez.
02:39:18 Parlez donc.
02:39:23 Votre petite-fille Lolota.
02:39:27 Que lui arrive-t-il ?
02:39:30 Elle m'a dit
02:39:32 comme une chose naturelle,
02:39:35 Enceinte et pas mariée !
02:39:37 Ma petite-fille ?
02:39:41 À 14 ans, Lolota aimait
02:39:45 et feuilleter la presse du coeur
02:39:49 pour savoir les mariages
02:39:52 Devenue snob, elle ne parlait
02:39:56 Mais personne
02:40:00 C'est vrai ?
02:40:04 Oui.
02:40:05 Elle l'a annoncé sans détours
02:40:08 et s'est mise
02:40:11 Dévorer ?
02:40:12 Oui, c'est le mot.
02:40:19 Dévorer des caramels !
02:40:22 J'ai voulu connaître
02:40:25 Et qui est ce gredin ?
02:40:27 Ce n'était personne.
02:40:31 Personne !
02:40:35 Elle a demandé si ça pouvait
02:40:38 Dans le bain ?
02:40:43 Et Ema, que dit-elle ?
02:40:45 Ema...
02:40:47 que c'est une comédienne,
02:40:52 et n'a même pas ces rêves
02:40:55 nourries de stars du rock.
02:41:00 Elle veut s'amuser de nous !
02:41:08 Ou alors c'est vous...
02:41:11 Je n'y comprends rien.
02:41:16 C'est à vous...
02:41:18 Vous l'avez élevée.
02:41:20 Voilà le résultat
02:41:23 Vous êtes responsables.
02:41:28 Arrangez-vous.
02:41:31 Ne me fourrez pas
02:41:37 C'est votre problème,
02:41:40 Adieu.
02:41:45 Adieu.
02:41:58 Tout cela semblait
02:42:03 Ema,
02:42:06 qui creuse désespérément.
02:42:11 Un père égoïste,
02:42:14 et lui, Carlos,
02:42:19 dans une passion qui
02:42:27 Le vieux Semblano
02:42:31 Maria Loreto souffrit
02:42:34 plus fidèle
02:42:37 Elle savait que son fils
02:42:39 serait l'objet
02:42:42 Le jeune homme eut scrupule
02:42:48 mais cette beauté, qui semblait
02:42:52 ne pouvait manquer de produire
02:42:59 Pourquoi maintenant ?
02:43:00 Pourquoi pas ? C'est maintenant
02:43:05 Il le faut ! Il le faut !
02:43:09 Nous voulons vous écouter.
02:43:10 Je vais voir...
02:43:18 Ne te fais pas prier, chéri.
02:43:29 Tout le contraire de son père.
02:43:33 Timidité qui lui vient
02:43:37 Artiste, comme sa mère.
02:43:38 Trop aimable.
02:43:47 Un jeune homme très séduisant.
02:43:49 Vous trouvez ?
02:43:51 Il a une candeur peu commune.
02:43:54 L'idéal pour votre fille Lolota.
02:43:57 Vous trouvez ?
02:44:01 Qu'en pensez-vous, Carlos ?
02:44:03 Certainement !
02:44:06 Ce serait un beau couple,
02:44:09 n'est-ce pas, Ema ?
02:44:11 Oui, s'ils le voulaient.
02:44:16 Ne restez pas debout.
02:44:36 Cet uniforme
02:44:39 lui rappela l'oratoire
02:44:45 Dossem ne réussit jamais
02:44:49 Il la trouvait énigmatique.
02:44:53 Si la femme est la muse,
02:44:55 la musique
02:44:59 Toujours littéraire.
02:45:04 C'est le moins qu'on puisse faire
02:45:09 Dossem ! Vous recommencez !
02:45:29 Votre fils est un virtuose.
02:45:33 Merci beaucoup.
02:45:37 Flatteur, comme toujours,
02:45:40 - mais très indirect...
02:45:43 Maria Loreto,
02:46:17 Comment s'appelle
02:46:21 Narciso.
02:46:25 On ne pouvait mieux
02:46:32 Que vas-tu jouer, mon fils ?
02:46:36 L'aria sur la quatrième corde
02:49:10 Vu de dos,
02:49:17 Tu regrettes déjà
02:49:23 Parce que j'ai dit que tu avais
02:49:27 Tu ne m'as pas déçue.
02:49:30 Tu m'as joliment prouvé
02:49:35 Il se sentit
02:49:39 La beauté d'Ema,
02:49:40 étudiée au point
02:49:43 lui faisait penser que
02:49:45 des choses
02:49:48 et qui ne se partagent pas,
02:49:52 Tout enfant, quand je demandais
02:49:57 on me disait
02:50:00 Je mettais en doute la réponse
02:50:10 Pourquoi rose ?
02:50:13 Tante Augusta s'impatientait
02:50:15 comme si elle devait prouver
02:50:19 "Quelle sottise !
02:50:21 "C'est comme ça !"
02:50:26 Pour elle,
02:50:29 et elle se désintéressait
02:50:37 J'ai appris que,
02:50:39 dans l'ancienne langue
02:50:41 rose voulait dire "balançante"
02:50:45 ou "celle qui balance".
02:50:48 Trop brève image
02:50:52 touchée par le vent,
02:50:55 prête à laisser tomber
02:50:59 Pourquoi rose ?
02:51:01 Au contact du vent,
02:51:10 ...mais dans le balancement,
02:51:13 et aussitôt cesse de l'être.
02:51:18 Que veux-tu dire par là ?
02:51:21 Que tu es une rose ?
02:51:24 Une rose au vent ?
02:51:33 Je ne suis rien.
02:51:36 Je suis un état d'âme
02:52:07 Narciso... Arrête.
02:52:16 Cette musique me rend triste.
02:52:20 Allons-nous-en.
02:53:45 Qu'y a-t-il là d'anormal...
02:53:47 De très anormal.
02:53:50 Presque une insulte
02:53:53 Cette pauvre femme qui frotte
02:53:59 c'est une vision
02:54:02 Vous êtes très spécial.
02:54:05 Mais vous ne savez pas
02:54:08 C'est Ritinha. Je ne vous ai
02:54:13 C'est une faute très grave.
02:54:17 Qu'allez-vous me dire ?
02:54:20 C'est très simple.
02:54:22 Ritinha lavait déjà le linge
02:54:26 Elle m'a vue naître et grandir.
02:54:29 Elle est intuitive
02:54:33 mais elle ne dit pas un mot
02:54:36 Elle est sourde et muette.
02:54:41 Elle n'a jamais rien fait
02:54:44 Elle n'est pas mariée.
02:54:47 Je la crois même vierge.
02:54:50 Si étrange que cela paraisse,
02:54:52 c'est en lavant le linge
02:54:57 J'ignorais cela.
02:54:59 Elle m'a semblé avoir
02:55:05 Elle est très intelligente.
02:55:07 Elle en sait beaucoup.
02:55:11 C'est un livre fermé,
02:55:16 Et, sourde comme elle est,
02:55:18 le savoir ne lui est entré
02:55:24 Donc, si elle n'avait pas
02:55:28 Vous voyez, vous avez compris.
02:55:32 Nous avons
02:55:34 du domaine de l'impondérable.
02:55:37 Même elle, si elle parlait,
02:55:42 Elle est dévouée et intègre
02:55:47 Entre elle et moi
02:55:52 comment dire,
02:55:54 ...végétal.
02:55:56 C'est une femme qui a voué
02:56:00 par dévotion,
02:56:04 Mais on a oublié de la décorer,
02:56:08 comme la pauvre vieille
02:56:11 Pour ses bons
02:56:20 On ne l'a pas soumise
02:56:24 Il est des êtres
02:56:28 Elle, par exemple ?
02:56:30 Oui, Ritinha.
02:56:32 Ou ma mère,
02:56:35 Nous, nous ne sommes rien.
02:57:20 Quelle bonne surprise !
02:57:22 Je suis grossier, je parlais
02:57:26 Mais c'est elles qui devraient
02:57:29 Asseyez-vous, je vous en prie.
02:57:31 Asseyez-vous.
02:57:36 Dans les monarchies,
02:57:38 la reine gouvernait souvent.
02:57:41 Les démocraties donnent parfois
02:57:45 comme premier ministre.
02:57:47 Elles font aussi bien,
02:57:50 que les hommes.
02:57:51 La femme au pouvoir
02:57:54 Ça ne l'a jamais été.
02:57:58 - Vous parliez du matriarcat ?
02:58:02 Je parlais
02:58:05 de ce qu'on nomme le progrès.
02:58:09 De la faim,
02:58:14 Tout de suite les excès !
02:58:17 Je parlais des égarements.
02:58:19 Voyez l'Europe,
02:58:21 elle a bâti une civilisation.
02:58:25 En s'appropriant des biens
02:58:29 Et en échange ?
02:58:31 Elle a créé un marché,
02:58:33 pour mieux sucer
02:58:39 N'est-ce pas lamentable ?
02:58:41 Vous exagérez un peu.
02:58:44 Je ne pense pas.
02:58:47 La plus-value
02:58:51 ce n'est rien qu'ordures,
02:58:53 faim et injustice.
02:58:58 Vous parlez comme un révolté.
02:59:00 D'une certaine façon, oui.
02:59:03 Mais pacifique.
02:59:05 Pacifique comme un dandy,
02:59:07 un aristocrate
02:59:09 et un bon vivant !
02:59:11 Ce que vous êtes, après tout.
02:59:14 Peut-être.
02:59:17 Mais où est l'incompatibilité
02:59:22 et avec la conscience
02:59:27 Le problème n'est
02:59:32 Éthique avec majuscule.
02:59:38 C'est sans elle que l'Europe
02:59:43 Pour moi,
02:59:49 N'êtes-vous pas trop radical ?
02:59:52 Voyez: On prend châtiment
02:59:56 pouvoir pour Honneur,
02:59:58 orgueil pour Noblesse.
03:00:02 L'Europe...
03:00:03 Mais quelle Europe ?
03:00:05 Celle des princes
03:00:09 qui se divertissent dans
03:00:14 Je n'en exclus aucune !
03:00:18 Je n'exclus pas
03:00:22 qui se sont répandues
03:00:26 en occident et à l'est.
03:00:29 Je sais bien que les peuples,
03:00:32 font partie de l'humanité.
03:00:35 Mais c'est là
03:00:39 La civilisation a dégénéré
03:00:43 et a fait de l'homme le virus
03:00:48 Cette Europe
03:00:50 (il n'y en a pas d'autre)
03:00:53 Qui a élaboré le statut
03:00:57 est victime d'elle-même.
03:00:59 Elle s'en est aperçue
03:01:02 Elle se sent obligée
03:01:05 de recomposer le monde,
03:01:07 sous le signe
03:01:09 Je peux être d'accord,
03:01:13 Ce que vous dites
03:01:17 Très compliqué
03:01:20 Par curiosité:
03:01:22 Les États-Unis sont-ils pour vous
03:01:27 Ils sont fils de l'Europe.
03:01:30 Fils et héritiers
03:01:34 mais sous influence
03:01:38 bien que la racine
03:01:42 Je comprends.
03:01:46 Mais ils ont reçu
03:01:50 N'est-ce pas au moins un point
03:01:52 positif pour l'Europe ?
03:01:54 Une culture
03:01:58 Mais, ici comme là-bas,
03:02:01 mais perverties,
03:02:03 violées par une idolâtrie
03:02:05 et un pragmatisme extrémistes
03:02:09 Étrange...
03:02:12 Très étrange
03:02:14 votre... comment dire...
03:02:19 enthousiasme pessimiste !
03:02:22 Enthousiasme !
03:02:24 Au contraire.
03:02:28 ...un homme politique.
03:02:29 Je hasarde de tels discours,
03:02:33 avec une sensibilité
03:02:36 à celle de l'artiste.
03:02:38 Artiste, ou aristocrate ?
03:02:43 Je n'ai pas dit artiste,
03:02:47 L'artiste a une vision poétique
03:02:53 C'est pourquoi il souffre...
03:02:55 Il souffre ?
03:02:58 Il souffre
03:03:09 Oh, papa...
03:03:13 Ce chat est impertinent.
03:03:16 N'est-ce pas plutôt la tienne,
03:03:20 Ema ! Je t'en prie...
03:03:21 Pardon. C'est ma conversation
03:03:26 Mais non ! C'est un bonheur
03:03:29 Je dois partir...
03:03:34 Merci de votre accueil.
03:03:35 Vous devez vraiment partir ?
03:03:37 Oui.
03:03:38 Quel dommage...
03:03:41 Alors je vous raccompagne
03:04:50 Quelle surprise !
03:04:53 Je ne vous reconnaissais pas.
03:04:57 Que s'est-il passé ?
03:05:00 J'ai passé ces années
03:05:04 Ah, oui ? Où donc ?
03:05:07 Surtout en Angleterre.
03:05:10 J'ai connu des Anglais
03:05:14 Ça vous a plu là-bas ?
03:05:16 Oui, Madame.
03:05:18 Le début a été
03:05:20 Après, grâce à quelques amis,
03:05:25 Les choses
03:05:27 Vous retournez au Vésuve ?
03:05:29 Non, Madame.
03:05:33 Une visite ! Vous êtes brouillé
03:05:37 Je ne suis brouillé
03:05:41 J'ai acheté un domaine,
03:05:45 Sans me vanter,
03:05:49 Pas aussi grande que le Vésuve,
03:05:54 D'ailleurs,
03:05:59 et M. Le docteur, bien sûr,
03:06:05 Nous y penserons.
03:06:09 Je dois aller voir un malade.
03:06:14 Au revoir.
03:06:19 Asseyez-vous
03:06:27 Ma vie a complètement changé.
03:06:31 Je suis riche, très riche.
03:06:37 Bravo !
03:06:42 Ne me parlez pas
03:06:44 Un révolutionnaire !
03:06:46 Il a quitté sa femme.
03:06:47 Il est parti
03:06:51 Ainsi, il a quitté sa femme ?
03:06:55 Eh oui !
03:06:57 C'est un ingrat. Il ne pense qu'à lui
03:07:01 C'est un dégénéré.
03:07:06 Madame, j'ai su...
03:07:11 que monsieur
03:07:16 que monsieur le docteur
03:07:20 qu'il se trouvait
03:07:23 Qui vous a dit cela ?
03:07:25 Ces choses-là... se savent.
03:07:27 Pas besoin de parler.
03:07:32 Je voulais dire à Madame...
03:07:37 Parlez, parlez.
03:07:43 Madame sait...
03:07:46 les sentiments que j'ai
03:07:52 Tout ce temps,
03:07:55 je n'ai pensé qu'à Madame...
03:07:58 Comme vous m'avez manqué !
03:08:02 Que voulez-vous maintenant ?
03:08:10 Je suis en mesure
03:08:17 Je ne pense à rien d'autre.
03:08:23 Tout ce que vous voudrez !
03:08:28 Vous ne savez pas mon amour
03:08:30 et combien
03:08:35 Un peu de bon sens !
03:08:37 Allez, levez-vous et partez.
03:08:41 Mes filles vont arriver.
03:08:44 Je ne veux pas
03:08:50 Puisque vous ne partez pas,
03:08:56 Ema finit
03:09:00 Elle pensa qu'il fallait
03:09:04 guerres, prison
03:09:08 pour appartenir à ce lieu.
03:09:14 "Tu es belle..."
03:09:18 "Mais tu n'es pas arrivée
03:09:21 "Ma servante a plus
03:09:25 "Vois comme elle sert,
03:09:27 "et fait couler la liqueur
03:09:31 "Comme elle attend,
03:09:36 "Et, une fois la goutte revenue
03:09:38 "dans le contenu vert
03:09:40 "elle le pose,
03:09:42 "veillant à ce que
03:09:46 "Serais-tu capable
03:09:49 "cet abandon à l'Autre absolu ?
03:09:53 "Capable de t'ignorer
03:09:56 "car c'est cela servir ?
03:09:59 "Non, tu n'en es pas capable."
03:13:43 Ema prit,
03:13:47 Elle revint au Vésuve
03:13:49 où ne se trouvait
03:13:55 Le lendemain matin, les hommes
03:13:58 par un jour d'hiver pluvieux.
03:14:01 Quand Ema se réveilla,
03:14:03 elle comprit
03:14:06 la science des articulations
03:14:07 et elle se dit:
03:14:10 "Je n'ai pas étudié
03:14:13 "ni comment bougent les bras
03:14:18 "Ce n'est pas une habitude
03:14:20 "mais une combinaison parfaite
03:14:26 "Cette relation
03:14:29 "je n'ai jamais vu comment
03:14:32 Les vignes du Douro
03:14:35 sont un des espaces
03:14:39 seul comparable
03:14:42 elles aussi plantées
03:14:46 Un tel lieu ne mourra jamais.
03:14:50 Il est privilégié
03:14:54 Son destin est de vivre
03:14:57 comme on le voit
03:15:01 courbes, noueux,
03:15:10 Et le troisième jour,
03:15:13 étonnamment brillant
03:17:22 Reviens à tes petits désordres
03:17:26 à l'expression mièvre
03:17:30 Un coeur pur ne se perd pas.
03:17:32 Il ne se gâte pas.
03:17:34 Il ne se transforme pas.
03:17:57 Ema se prépara
03:18:02 Elle se demandait
03:18:03 ce qu'il y avait de nostalgie
03:18:07 ou si c'était Madame
03:18:11 comme une servante revenue
03:18:14 de sa première servitude.
03:18:19 Elle laissa
03:18:23 parcourut l'orangeraie
03:18:26 le temps de sa virginité.
03:19:44 Quelque temps après,
03:19:48 mort, sur un banc
03:19:54 Il fumait la pipe,
03:19:58 la pipe étant moins mauvaise
03:20:02 Il avait encore le tabac
03:20:05 quelques brins sur sa veste
03:20:08 et la tête inclinée
03:20:10 comme s'il voulait ramasser
03:20:17 Ce souci étant si évident
03:20:20 que le premier geste
03:20:24 fut de prendre la tabatière
03:20:30 Maria Loreto Semblano venait
03:20:35 de revoir les épreuves
03:20:43 Rien de cela n'est important,
03:20:47 mais personne
03:20:51 une belle vie.
03:22:37 Traduction: Jacques Parsi
03:22:40 Sous-titrage vidéo: C. M.C.