Buena Vista Social Club

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00:00:10 C' est une photo très célèbre de moi.
00:00:14 C' était pendant la crise des fusées,
00:00:16 devant l' hôtel Riviera.
00:00:18 Tout le Malecon était plein
00:00:23 On attendait l' invasion américaine.
00:00:27 J' ai pris celle-là en 1959 à Washington.
00:00:32 Fidel déposait une couronne de fleurs
00:00:36 La photo s'appelle "David et Goliath".
00:00:39 Le petit homme et le géant.
00:00:42 Ici, Che Guevara et Fidel
00:00:46 Qui a gagné ?
00:00:48 Fidel.
00:00:50 Che l' a laissé gagner.
00:01:51 Le Buena Vista Social Club !
00:02:23 Il faut demander à des gens,
00:02:26 Les vieux du quartier.
00:02:52 Lui, il saura.
00:02:54 - On cherche le Social Club.
00:02:57 C' est fermé depuis longtemps.
00:02:59 Il devait être ...
00:03:02 allez par ici, puis par là.
00:03:09 C' était ... dans une maison.
00:03:11 Au n° 48.
00:03:14 Il n' existe plus.
00:03:15 - On cherche l' endroit.
00:03:19 - Entre la 21ème et la 41ème ...
00:03:25 Si vous allez par là, vous y êtes.
00:03:29 31ème et 41ème.
00:03:30 Tu dansais là-bas ?
00:03:32 Tu étais danseuse ?
00:03:33 Je suis née ici.
00:03:35 C' est une maison privée.
00:04:01 C' est la maison avec la porte peinte.
00:04:07 On habite ici depuis 1944.
00:04:12 Je me rappelle quand j' étais jeune,
00:04:17 Quand il a ouvert, les meilleurs
00:04:22 Quand j' ai bu,
00:04:26 De la soupe de cocoqueta.
00:04:28 Consommé de poulet.
00:04:32 Tu prends un morceau
00:04:36 Quand il est à point,
00:04:39 Peut-être qu' il reste quelque chose
00:04:43 de ce qui était le bar.
00:04:45 Quand on prend ça,
00:04:50 C' est bon pour la gueule de bois.
00:05:58 D' Alto Cedro, je vais à Marcané
00:06:01 Et de Cueto, je vais à Mayari.
00:06:51 L' amour que j' ai pour toi,
00:06:54 Je ne peux pas le nier.
00:06:57 L' eau me vient à la bouche,
00:09:25 Mon fils Joachim et moi,
00:09:27 on est revenus à La Havane
00:09:34 On était déjà venus
00:09:36 il y a deux ans, pour enregistrer
00:09:41 Je fais des disques depuis 35 ans,
00:09:43 et on ne sait jamais
00:09:46 Ca a été leur préféré,
00:09:50 Une des grandes découvertes du disque,
00:09:54 Il est arrivé de la rue,
00:09:59 Trouver un type comme ça,
00:10:02 On voulait enregistrer avec lui,
00:10:08 Ils dorment
00:10:13 Dans mon jardin,
00:10:18 Les tubéreuses, les roses,
00:10:24 Les lys blancs,
00:10:31 Et mon âme
00:10:34 Triste et désolée,
00:10:42 Je veux cacher aux fleurs
00:10:48 Son amère douleur.
00:10:56 Je ne veux pas
00:11:00 Que les fleurs sachent
00:11:07 Les tourments
00:11:12 Que me cause la vie.
00:11:19 Si elles savaient
00:11:24 Combien je souffre,
00:11:32 Sachant mes peines,
00:11:35 Elles pleureraient aussi.
00:11:44 Silence,
00:11:49 Ils dorment,
00:11:57 Les tubéreuses
00:12:00 Et les lys.
00:12:07 Je ne veux pas
00:12:12 Qu' ils connaissent mes peines,
00:12:19 Car s' ils me voient en larmes,
00:12:24 Ils mourront.
00:15:13 Moi,
00:15:15 Ibrahim Ferrer Planas,
00:15:18 je suis né
00:15:20 dans un faubourg
00:15:24 San Luis.
00:15:26 Je suis le fils d' Aurelia Ferrer
00:15:30 et déclaré comme fils naturel.
00:15:36 Je dis celà
00:15:38 parce que je veux que vous sachiez
00:15:43 de ma bouche ce que je suis,
00:15:46 comment je suis.
00:15:48 A l' âge de 12 ans,
00:15:51 j' ai perdu ma mère,
00:15:54 et j' avais déjà perdu mon père.
00:15:56 J' étais orphelin,
00:15:59 et l' enfant unique qu' elle avait eu.
00:16:03 J' ai dû me lancer dans la vie.
00:16:10 Comme mes amis, j' allais à l' école,
00:16:14 j' ai dû arrêter
00:16:16 à l' époque. Parce que la vie,
00:16:19 naturellement,
00:16:24 Elle était plus dure.
00:16:27 Il fallait partir à sa recherche.
00:16:33 Un coup de main ?
00:16:55 Quand on se détendait,
00:16:58 il aime la descarga, improviser ...
00:17:00 moi, je suivais.
00:17:03 Je lui ai dit :
00:17:06 Et j' ai chanté :
00:17:21 Ry Cooder a aussi entendu ça.
00:17:25 Et cette chanson
00:17:30 pour chanter quelque chose,
00:17:33 il l' a enregistrée.
00:17:36 Deux gardénias pour toi,
00:17:40 C' est pour te dire
00:17:43 Que je t' aime,
00:17:46 Que je t' adore.
00:17:54 Prends-en bien soin,
00:17:57 Ils sont ton coeur,
00:18:01 Et le mien.
00:18:05 Deux gardénias pour toi,
00:18:09 Qui auront la chaleur d' un baiser,
00:18:18 Comme ceux que je t' ai donnés
00:18:19 Et que tu ne connaîtras jamais
00:18:23 Dans les bras d' un autre.
00:18:27 Ils vivront près de toi,
00:18:32 te parleront
00:18:40 Tu croiras même qu' ils te disent :
00:18:47 Je t' aime.
00:18:51 Mais si un soir
00:18:54 Les gardénias de mon amour
00:18:58 Viennent à mourir,
00:19:02 C' est qu'ils auront deviné
00:19:05 Que tu m' as trahi
00:19:08 Parce que tu en aimes un autre.
00:19:57 Je m' appelle Omara Portuondo.
00:20:01 Je suis née dans un quartier
00:20:11 Mon père était joueur de baseball.
00:20:16 Il a été un des premiers joueurs cubains
00:20:20 à faire connaître
00:20:23 c' est-à-dire en Amérique du Nord.
00:20:26 Ma mère et mon père,
00:20:29 quand ils se reposaient
00:20:33 se mettaient à chanter
00:20:38 C' est là que j' ai découvert
00:20:42 Par exemple La Bayamesa,
00:20:44 que j' ai commencé à chanter
00:20:48 il chantait la mélodie,
00:20:51 Et la chanson
00:20:53 que je chante sur le disque
00:20:58 je la connais aussi
00:21:02 Que t' importe que je t' aime
00:21:05 si tu ne m' aimes plus
00:21:08 Un amour qui s' en est allé,
00:21:13 Je fus l' illusion de ta vie
00:21:16 Un jour, il y a si longtemps,
00:21:19 Je ne suis plus que le passé,
00:21:22 Je ne peux pas m' y faire.
00:21:26 Si les choses que l' on désire,
00:21:30 On pouvait les atteindre ...
00:21:34 Tu m' aimerais comme avant,
00:21:38 Comme il y a vingt ans.
00:21:41 Avec quelle tristesse nous voyons
00:21:44 Un amour qui s' éloigne,
00:21:49 C' est un morceau de notre âme
00:22:28 Sur la plage, Maria,
00:22:32 Sur la plage, Maria,
00:22:45 Je suis né en 1907,
00:22:50 sur la côte,
00:22:51 au bord de la mer, à Siboney.
00:22:56 Je vivais là-bas.
00:23:00 sur les trains des mines.
00:23:03 Les mines de manganèse.
00:23:05 J' ai vécu à Siboney jusqu' à neuf ans,
00:23:09 jusqu' à la mort de ma grand-mère.
00:23:11 Alors je suis parti pour Santiago
00:23:17 Je ne pouvais pas
00:23:20 avant la mort de ma grand-mère.
00:23:23 Elle me l' avait dit :
00:23:25 "Jusqu'à ma mort,
00:23:27 "mon petit-fils
00:23:28 "ne peut pas me quitter."
00:23:34 J' allumais ses cigares.
00:23:37 J' avais cinq ans.
00:23:40 Elle me disait :
00:23:43 Je l' allumais ...
00:23:47 Je l' allumais, le donnais
00:23:52 Alors, on peut dire
00:23:55 que ça fait 85 ans que je fume.
00:24:17 Je vais devoir jouer en finesse,
00:25:04 Sur le tronc d' un arbre,
00:25:13 Pleine de joie, grava son nom
00:25:21 Et l' arbre,
00:25:28 Laissa tomber une fleur
00:25:32 pour la fille.
00:25:37 Je suis cet arbre,
00:25:40 ému et triste,
00:25:45 Tu es la jeune fille
00:25:48 Qui as blessé mon écorce,
00:25:54 Je garderai toujours
00:25:57 ton nom bien-aimé,
00:26:01 Mais toi, qu' as-tu fait
00:26:48 Je l' ai apprise tout petit.
00:27:03 Comme la musique est belle.
00:27:07 Je suis Eliades Ochoa Bustamante,
00:27:11 je suis né à Santiago
00:27:13 le 22 juin 1946.
00:27:17 Ma mère, Jacoba Bustamante,
00:27:21 mon père aussi.
00:27:23 Une famille musicale.
00:27:24 Je suis d' origine paysanne,
00:27:28 J' ai découvert la musique
00:27:33 En plus de l' avoir dans le sang,
00:27:36 je dormais avec la musique,
00:27:41 En 1958,
00:27:44 j' avais la même taille
00:27:46 J' ai commencé à jouer,
00:27:49 dans les rues de Santiago.
00:27:51 Dans tous les quartiers
00:27:55 je jouais et je passais le chapeau.
00:27:57 "Aidez les artistes cubains !"
00:27:59 Comme ça,
00:28:03 que je rapportais à la maison
00:28:06 pour aider mes parents.
00:28:39 Sur le chemin devant chez moi
00:28:42 Passa un joyeux charretier.
00:28:52 Avec ses chansons
00:28:56 Tout joyeux, il chantait ...
00:29:03 Je vais au pont transbordeur
00:29:06 Décharger ma charrette.
00:29:14 Pour arriver au bout
00:29:17 De mon rude labeur.
00:29:19 Allons chevaucher
00:29:38 Je travaille sans repos
00:29:41 Pour pouvoir me marier
00:29:43 Et si j' y arrive
00:29:46 Je serai un homme heureux.
00:29:51 Passer le chapeau, c' est fini.
00:29:56 Ca ne s' oublie pas,
00:31:02 Comment ça va ?
00:31:04 Je vous attends depuis un moment.
00:31:06 Vous avez tardé.
00:31:08 Je pensais que vous aviez eu
00:31:12 Montez !
00:31:21 Entrez.
00:31:29 Vous êtes chez vous.
00:31:34 Dans le temps, à Santiago,
00:31:39 était président
00:31:44 qui s' appelait "El Cocuyé".
00:31:47 Une délégation
00:31:52 d' Africains était venue
00:31:56 Une Africaine s' est très bien
00:32:02 En partant, elle lui a laissé
00:32:04 cette varita.
00:32:06 Ma mère croyait très fort
00:32:09 cette figure que je tiens.
00:32:11 Moi aussi, je crois fermement
00:32:15 On l' appelle le Mendiant.
00:32:18 Il est très puissant.
00:32:21 C' est lui qui ouvre le chemin,
00:32:25 lui qui aide les désemparés,
00:32:29 L' autre, là, c' est aussi Lazare.
00:32:32 Mais celui-ci,
00:32:35 C' est lui qui demande l' aumône.
00:32:39 Je lui offre des fleurs.
00:32:42 De temps en temps, je lui allume
00:32:44 son cierge.
00:32:46 Je lui donne du miel.
00:32:51 Du miel d' abeille.
00:32:56 Beaucoup de parfum.
00:33:05 Chaque fois que je sors ...
00:33:07 je le vaporise, et moi aussi.
00:33:17 Son petit verre de rhum.
00:33:20 Bien sûr, comme j' aime ça,
00:33:22 on aime ça,
00:33:25 et je lui donne
00:33:32 Parfois, ma femme
00:33:35 Tu sais ce que c' est ?
00:33:37 Elle fait une meringue
00:33:40 On la lui dédie.
00:33:43 Et ainsi, une à une,
00:33:45 il reçoit ses petites affaires.
00:33:49 Nous autres Cubains,
00:33:51 nous pouvons le remercier,
00:33:54 peut-être, ce Monsieur,
00:33:57 pour ce que nous sommes.
00:33:59 Si nous n' avions pas suivi cette voie,
00:34:05 Nous avons de la chance.
00:34:08 D' un côté,
00:34:13 mais nous sommes forts.
00:34:14 Nous avons su résister ...
00:34:18 au bien ... et au mal.
00:34:35 Cienfuegos a son guaguanco.
00:34:47 Aujourd' hui, je suis si ému
00:34:51 Je vous chante un chant
00:34:59 Sur cette fameuse région
00:35:03 Qu' on appelle la Perle du Sud ...
00:37:10 C' est la bonne !
00:37:16 Juan de Marcos la voulait comme ça.
00:37:25 C' est celle qu' on voulait.
00:37:31 J' aurais pas tenu une de plus.
00:40:13 Je m' appelle
00:40:17 Je suis né à Santa Clara,
00:40:22 en 1919.
00:40:25 A sept ans, j' ai commencé
00:40:28 à étudier le piano.
00:40:31 Sur un piano
00:40:34 Très bon. Un John Stowers.
00:40:38 C' était aussi un piano mécanique.
00:40:40 Un très beau son.
00:40:45 j' ai perdu la tête.
00:40:48 Il m' a beaucoup plu.
00:40:50 J' ai beaucoup joué dessus.
00:40:53 J' ai donc commencé à apprendre,
00:40:57 et quand elle a vu que je pouvais
00:41:01 maman a voulu
00:41:05 avec une professeur
00:41:07 de Cienfuegos.
00:41:10 J' ai commencé là :
00:41:13 deuxième, troisième, quatrième,
00:41:19 Alors, elle m' a dit :
00:41:21 "Rubén, tu seras un bon pianiste,
00:41:25 "tu as des mains très agiles."
00:45:33 On m' avait oublié.
00:45:36 J' allais mourir de faim ? Non.
00:45:38 Je cire les chaussures,
00:45:42 je vends du charbon.
00:45:44 Je dois nourrir ma famille.
00:45:47 Je n' ai pas honte de le dire.
00:45:52 Nous avons déménagé
00:45:55 A La Havane,
00:45:58 je n' étais pas sûr de moi,
00:46:04 il y a beaucoup de pianistes.
00:46:07 Je me suis mis à jouer,
00:46:11 en apprenant
00:46:14 Il s' est trouvé
00:46:18 habitait
00:46:20 un homme qui n' était autre qu' Arsenio.
00:46:24 Il avait créé un groupe.
00:46:26 Il m' écoutait jouer.
00:46:29 Mais il était aveugle.
00:46:33 Pas de naissance.
00:46:35 Il avait eu un accident
00:46:39 Un jour, Arsenio m' a dit :
00:46:41 "Rubén, tu aimerais
00:46:44 J' ai répondu : "Bien sûr."
00:46:46 Le pianiste du groupe
00:46:50 il était allé en Europe ...
00:46:53 Il m' a laissé la place.
00:46:57 pendant quatre ans.
00:00:23 était querelleur.
00:00:27 Arsenio se mettait en colère.
00:00:33 Il se dressait, comme ça.
00:00:35 Là où il entendait la voix,
00:00:40 Comme il était aveugle ...
00:00:42 on voyait les gens s' écarter :
00:00:45 "Tais-toi,
00:00:49 Il arrivait comme ça.
00:00:51 Il piquait des grosses colères
00:00:54 quand les gens lui parlaient
00:01:00 Il était fort,
00:01:03 et gros, un gros type.
00:01:05 Plus grand que tout le monde.
00:01:09 C' est vrai, je ne fumerai plus.
00:01:14 Enfin, très peu !
00:01:19 Et j' arrête aussi de boire.
00:01:23 Je buvais, non ?
00:01:27 Mais tout est
00:01:28 dans la manière ...
00:01:30 Moi, j' ai ...
00:01:32 un garde du corps
00:01:42 Voici Arsenio Rodriguez,
00:01:45 c' est sa meilleure photo.
00:01:55 24 mai 1946.
00:01:58 On est allés en tournée,
00:02:01 souvent au Mexique et au Venezuela.
00:02:05 Lui, il est mort récemment.
00:02:06 Presque tous sont morts.
00:02:09 Celui-ci a presque cent ans.
00:02:14 Pascualito.
00:02:18 Oui, il est mort.
00:02:28 Je demande qui a écrit Como Fué.
00:02:31 C' est Ernesto Duarte,
00:02:34 Il faut toujours demander
00:02:39 S' il vit ici,
00:02:44 Beaucoup sont morts,
00:02:48 On essaie de les retrouver.
00:02:51 Ils vivent peut-être ici,
00:02:57 On est en 1998,
00:02:59 on fait de notre mieux.
00:03:01 Nous avons Ibrahim en 1998,
00:03:14 La seule chose que je ne veux pas,
00:03:17 Ce Monsieur et cette Dame, là,
00:03:22 doivent m' accorder au moins
00:03:24 un peu de temps pour en profiter.
00:03:29 Parce que des fois ...
00:03:32 on ne te donne pas le temps.
00:03:36 Tant que le sang
00:03:39 j' aimerai les femmes.
00:03:42 Parce que dans la vie,
00:03:47 le romantisme, c' est très beau.
00:03:50 Une nuit d' amour,
00:03:54 Pas de prix.
00:03:57 A 90 ans, j' ai cinq fils.
00:04:01 Vous connaissez
00:04:04 Salvador est le plus petit.
00:04:07 J' en ai cinq.
00:04:09 Mais maintenant,
00:04:16 J' en veux six. Encore un.
00:04:26 A la prochaine.
00:04:47 Un après-midi,
00:04:51 ils sont venus
00:04:54 Juan de Marcos.
00:04:55 A l' époque,
00:04:58 Il me dit :
00:05:01 "Je cire des chaussures.
00:05:04 "Arrête, je viens te chercher.
00:05:06 "- Pour quoi faire ?
00:05:09 "Non, je ne veux plus chanter.
00:05:12 "J' ai besoin de toi, de ta voix."
00:05:15 Je lui dis :
00:05:20 "- Non, tout de suite.
00:05:23 "- Tout de suite !
00:05:26 J' ai juste pu me laver la figure
00:05:29 et m' enlever un peu le cirage.
00:05:32 Comme ça,
00:05:36 et ici, au studio,
00:05:41 Quand il m' a vu, il était ...
00:05:45 avec Compay Segundo.
00:05:48 Rubén était au piano.
00:05:51 Quand il m' a vu, il s' est mis
00:05:55 à jouer ...
00:05:59 un morceau que j' ai rendu
00:06:03 Candela, de Faustino Oramas,
00:06:08 J' ai commencé ...
00:06:09 Un rat a fait un bal
00:06:12 Aux timbales, une souris
00:06:15 Un chat est venu aussi,
00:06:22 Et je me suis mis
00:06:25 Ry était dans la cabine,
00:06:29 il me surveillait.
00:06:32 Il m' a écouté
00:06:34 et il a décidé
00:06:39 Très bien, pas de problème,
00:06:43 Et j' ai recommencé.
00:06:58 Faustino Oramas et ses amis,
00:07:06 Margarita, téléphone,
00:07:09 Comme ça,
00:08:13 Je m' appelle
00:08:16 Pour vous dire comment
00:08:21 j' ai commencé à 9 ans,
00:08:24 à 11 ans j' ai commencé à jouer
00:08:26 avec un orchestre de ma tante
00:08:30 Depuis mon arrière-grand-père,
00:08:34 Même moi,
00:08:37 et mon grand-père m' a dit
00:08:43 Mais ça me faisait un peu peur.
00:08:46 Il a fallu que je m' habitue
00:08:51 Ma manière de jouer,
00:08:53 c' est de me concentrer ...
00:08:58 j' aime tellement ça.
00:08:59 J' ai étudié la musique classique,
00:09:03 tous les genres,
00:09:05 et je me sens ... je ne sais pas,
00:09:10 je joue et j' ai l' impression
00:09:15 J' ai joué
00:09:17 et c' est comme ça
00:09:23 J' avais joué avec beaucoup
00:09:27 Il se trouve
00:09:31 Tout ce que j' ai,
00:09:35 Même sans déchiffrer,
00:09:38 La note qu' il va jouer,
00:12:37 Je suis Amadito Valdés,
00:12:39 percussionniste.
00:12:42 Je porte le nom de mon père,
00:12:46 pour prendre ce chemin.
00:12:49 Dans le domaine de la percussion,
00:12:51 le timbal est un instrument très limité.
00:12:54 Du coup, celui qui en joue
00:12:58 doit être conscient
00:13:01 qu' il faut faire danser l' imagination
00:13:04 avec cet instrument si limité
00:13:08 dans sa configuration physique.
00:13:12 Un instrument très docile,
00:13:14 mais qui donne indubitablement
00:13:18 à la musique de danse.
00:13:48 Je m' appelle
00:13:50 plus connu sous le nom
00:13:53 J' ai commencé à jouer à 18 ans,
00:13:55 c' est-à-dire que depuis 47 ans,
00:13:59 Quelle expérience ça a été,
00:14:02 Sans Buena Vista,
00:14:07 Personne ne se souviendrait
00:14:11 de Rubén, de Compay Segundo.
00:14:14 Et puis, voir Compay,
00:14:16 jouer si bien de son tres,
00:14:18 voir Rubén
00:14:21 Pour moi, ces éléments ont compté
00:14:24 de ces enregistrements,
00:15:33 Je suis
00:15:35 Tous les musiciens me surnomment
00:15:45 Depuis l' âge de 10 ans,
00:15:47 je joue la musique
00:15:51 Je joue du laud,
00:15:55 Les Maures
00:15:58 Là, première métamorphose :
00:16:00 on fabrique un laud
00:16:04 un peu plus grand que celui d' ici.
00:16:07 Les trovadores l' ont amené à Cuba,
00:16:10 où il a subi
00:16:13 qui a abouti à la création
00:16:17 C' est celui dont je joue.
00:16:54 La chambre de Tula a pris feu.
00:16:58 Elle s' est endormie
00:17:03 Qu' on appelle les pompiers,
00:17:08 Qu' ils viennent éteindre
00:17:22 Appelez les pompiers !
00:17:27 Je crois que Tula s' est endormie,
00:17:30 et sa chambre a pris feu.
00:17:41 Faites venir Compay,
00:17:45 La chambre de Tula a pris feu !
00:18:41 Barbarito en liberté !
00:18:44 Il est fou !
00:18:47 Il faut l' enfermer !
00:20:26 Je suis Pio Leyva.
00:20:29 "El Montunero de Cuba."
00:20:33 Je suis Manuel Licea, "Puntillita".
00:20:42 Je vais te rétamer.
00:20:45 Un blanc ...
00:20:50 Domino !
00:20:51 Je suis un phénomène, non ?
00:20:54 Je te dis qu' à ce jeu,
00:20:59 Je suis le numéro un aux dominos.
00:21:02 Au chant, c' est peut-être toi,
00:21:05 je suis le meilleur.
00:21:07 On y va ?
00:21:09 Non, on attend qu' ils nous appellent.
00:21:11 Puntillita, Pio, au studio !
00:21:15 Au moment où je lui flanque une pile,
00:21:19 Tu en as gagné trois, moi deux.
00:21:22 On continuera après.
00:21:26 Voyons quel morceau ils font.
00:21:29 Tu vois, tu n' es pas de taille.
00:21:31 - Donne-moi une chance.
00:21:34 Fais pas le fanfaron.
00:21:38 Je suis très heureux d' avoir pu
00:21:40 m' impliquer dans ce projet,
00:21:42 c' est moi qui ai coordonné
00:21:46 de ces grandes figures
00:21:50 presque oubliées dans ce pays.
00:21:53 Des gens comme le pianiste
00:21:55 selon moi un des trois plus grands
00:21:59 de tous les temps,
00:22:01 comme Ibrahim Ferrer,
00:22:05 lui aussi lamentablement oublié
00:22:09 pendant plus de dix ans.
00:22:11 Et des gens comme Puntillita, Pio Leyva,
00:22:17 L' existence de cet album,
00:22:21 a d' immenses répercussions
00:23:00 Parfait !
00:23:19 On enregistre !
00:23:25 Il y a une fête à la ferme
00:23:29 de compadre Don Ramon.
00:23:40 On a préparé
00:23:44 et les gens viennent en foule.
00:23:48 Aujourd' hui, on casse la baraque,
00:23:51 pour l' anniversaire de Don Ramon.
00:23:55 Les danseurs arrivent, comay,
00:23:59 il y a foule sur les routes.
00:24:10 Bongo, tiple et guiro
00:24:13 n' ont pas cessé de jouer.
00:24:24 Parce que les paysans sont ainsi,
00:24:28 ils n' ont pas d' heure
00:24:32 C' est la coutume paysanne
00:24:36 depuis le temps des colonies.
00:24:52 Pour ce que je fais,
00:24:54 Cuba, c' est La Mecque.
00:24:59 Ici, il n' y a rien
00:25:00 que de l' énergie musicale pure.
00:25:06 Le tambour udu,
00:25:10 ils ont tous adoré ça,
00:25:15 Ils riaient en me voyant
00:25:19 Je suis devenu
00:25:22 Ce n' est pas évident,
00:25:26 que beaucoup de percussions
00:25:29 ce qu' on saute dans chaque mesure.
00:25:33 Ca ajoute quelque chose
00:25:36 une nouvelle direction insolite,
00:25:40 un groupe bizarre, comme il n' en a
00:25:46 Puntillita a eu envie
00:25:51 Tout le monde est percussionniste,
00:25:53 et ceux qui ne le sont pas
00:25:57 Ils ont cette légèreté de frappe
00:26:04 Aucun apprentissage
00:26:06 ne peut se mesurer
00:26:09 Tellement c' est subtil, serein
00:26:17 Le déluge de tes baisers
00:26:23 notre désir irrésistible
00:26:30 Mais en dépit de tout,
00:26:32 ton départ a été ma ruine ...
00:26:38 La fin de tous mes rêves.
00:26:45 Ils ne ressusciteront pas
00:26:51 s' il ne revient pas,
00:26:55 notre ultime rendez-vous d' amour.
00:28:01 Comment tout a commencé ?
00:28:07 Mon ami Nick Gold,
00:28:11 et m' a proposé
00:28:14 enregistrer avec
00:28:17 et des musiciens ouest-africains.
00:28:20 Ca semblait une idée formidable
00:28:25 A La Havane, dans les années 70,
00:28:29 avions cherché cette musique,
00:28:32 dont un ami
00:28:34 Les musiciens étaient incroyables,
00:28:38 Je n' avais rien entendu de pareil.
00:28:40 On a pris un bateau, on est allés
00:28:45 On a entendu de bons vétérans,
00:28:50 Je ne savais pas quelle suite donner.
00:28:53 On est rentrés,
00:28:58 Cette fois, Nick nous a pris
00:29:02 "Les Africains n' ont pas pu venir.
00:29:05 "Qu' est-ce qu' on fait ?"
00:29:07 On a décidé de se lancer
00:29:12 On a demandé un peu partout.
00:29:14 Juan de Marcos nous a aidés.
00:29:17 Le studio s' est vite rempli
00:29:18 avec des gens comme
00:29:22 Ibrahim Ferrer, Amadito Valdés,
00:29:25 Pio Leyva, Puntillita et Rubén,
00:29:29 Cachao et Barbarito Torres,
00:29:33 C' est lui qui jouait
00:29:36 et qui, au départ,
00:29:39 Je les connaissais par les disques,
00:29:44 Rubén Gonzalez n' avait
00:29:48 On nous a dit qu' une arthrite
00:29:52 C' est le genre de chance
00:29:57 Découvrir que tant de ces gens
00:30:01 même s' ils sont oubliés.
00:30:03 Heureux de jouer,
00:30:05 généreux, prêts à partager
00:30:10 Ce fut une expérience fantastique.
00:30:15 à laquelle je me suis préparé
00:30:18 Une chose très rare.
00:30:20 Je l' ai dit à Joachim, ça n' arrive
00:30:28 Sur le vol de retour pour L.A.,
00:30:32 de réunir tout le monde
00:30:35 Le disque marchait déjà si fort
00:30:41 Ce n' était possible
00:30:44 qu' au Carré d' Amsterdam,
00:30:48 Mais le rêve,
00:30:52 Les Cubains insistaient :
00:30:57 Je n' y croyais pas vraiment,
00:30:59 mais beaucoup de gens
00:31:04 et le 1er juillet, nous y étions.
00:32:03 Ce fut un grand soir.
00:32:06 Ils étaient heureux, moi aussi,
00:32:10 Ce serait
00:32:11 le dernier concert
00:34:18 Tu as vu cet immeuble magnifique ?
00:34:20 Une merveille.
00:34:22 C' est gigantesque.
00:34:23 Extraordinaire.
00:34:25 Et ces avenues ...
00:34:32 C' est vraiment superbe.
00:34:44 Tu appelles Cuba ?
00:34:55 Activité.
00:35:01 Regarde le pistolet de ce type.
00:35:03 Sacré calibre !
00:35:09 Regarde par ici !
00:35:11 Tous les grands sont là.
00:35:15 - Tu reconnais pas ...
00:35:19 Laurel et Hardy.
00:35:20 Oui. Le gros et le maigre.
00:35:23 Et ici, regarde.
00:35:25 Un des trompettistes
00:35:31 C' est qui, lui ?
00:35:33 Qui a été le meilleur trompettiste ?
00:35:36 Qui allait chercher les étoiles
00:35:39 Il jouait les notes les plus aiguës
00:35:46 Lui, il était aveugle,
00:35:48 Grand pianiste.
00:35:51 Elle aussi était célèbre.
00:35:58 Ils ont tout, ici.
00:36:21 Qui est-ce, au milieu ?
00:36:23 Le joueur de saxo ?
00:36:26 Non, celui-ci.
00:36:28 Est-ce que je me rappelle sa tête ?
00:36:31 Lui, je me rappelle pas.
00:36:34 C' était un des grands leaders.
00:36:42 C' est la belle vie !
00:36:46 D' ici, c' est d' une grande beauté.
00:36:49 On voit tout.
00:36:50 On est passés ici avec l' avion.
00:36:53 En voilà un qui repasse.
00:36:57 Ils doivent arriver par ici.
00:37:01 Mais ils ne passent pas
00:37:42 Où est la statue de la Liberté ?
00:37:46 Là-bas. Il y a une pointe.
00:37:50 Près des deux tours.
00:37:54 - Cette tour ?
00:37:58 Non, c' est pas ça.
00:38:00 Elle est seule, au bout d' une île.
00:38:04 Comme la toute petite qu' on a vue,
00:38:09 Il me semble que la statue
00:38:15 D' ici, tu peux pas voir ça.
00:38:18 - Il te faut un de ces appareils.
00:38:21 D' ici, on ne peut pas voir
00:38:24 Il faut s' approcher davantage.
00:38:27 On sait déjà que c' est par là.
00:39:38 Allons au soleil.
00:39:40 Tu veux du soleil ? Allons-y.
00:39:45 Rubén, tu es déjà venu ?
00:39:48 Il y a bien des années.
00:39:49 Ici, en haut ?
00:39:53 Ici, non.
00:39:54 Je suis allé voir la statue.
00:39:57 On regardait en bas.
00:39:59 - Comment tu es venu ?
00:40:03 C' était dans les années 20 ?
00:40:07 J' avais dans les 30 ans.
00:43:02 Tu sais, c' est la première fois
00:43:05 que je suis à New York, Etats-Unis.
00:43:09 J' ai toujours rêvé
00:43:11 de connaître cette ville.
00:43:15 Je ne suis pas américain,
00:43:17 je crois que rapidement
00:43:20 j' apprendrai quelques mots,
00:43:24 je pourrai me débrouiller.
00:43:27 Rubén, j' avoue que je suis jaloux,
00:43:39 J' aimerais faire venir ma femme
00:43:41 et mes enfants, qu' ils voient ça.
00:43:44 Pour qu' ils puissent voir
00:43:50 C' est très beau. Très, très beau.
00:43:53 Voilà le Radio City.
00:43:56 Au moins, je l' aurai vu.
00:44:06 Je suis très heureux
00:44:09 Je n' aurais jamais imaginé ...
00:44:35 C' est très beau.
00:44:36 Je suis enchanté.
00:44:40 Il y a deux ans, à peu près,
00:44:43 j' ai dû me retirer.
00:44:46 Je ne voulais plus chanter,
00:44:49 J' ai beaucoup souffert,
00:44:54 J' en avais assez de chanter,
00:45:00 Ca brûle, ça brûle, mamà.
00:45:05 Regarde, je brûle.
00:45:09 Je veux continuer la guaracha.
00:45:14 Je veux continuer la fête.
00:45:19 On jouera comme on voudra.
00:45:21 La femme, quand elle se penche,
00:45:30 L' homme, quand il la regarde,
00:45:35 Chez toi, j' aime une chose,
00:45:44 Des genoux vers le haut,
00:45:49 Regarde, mamà, je deviens fou.
00:45:53 Et je veux continuer la guaracha.
00:45:58 Je veux continuer de vivre,
00:46:02 Regarde, ça brûle.
00:46:07 Ca brûle à La Havane.
00:46:14 Regardez tous, ça brûle.
00:46:18 Tous, cette nuit,
00:47:05 Cette varita qui me porte chance,
00:47:10 Je l' ai depuis 58 ans.
00:47:15 Depuis tout ce temps.
00:47:51 CETTE REVOLUTlON EST ETERNELLE
00:48:36 NOUS CROYONS AUX REVES
00:48:44 Certifié par Attila