Hearts of Darkness A Filmmaker s Apocalypse

fr
00:00:08 Mon film n'est pas un simple film.
00:00:11 FRANCIS COPPOLA
00:00:12 Mon film ne parle pas du Vietnam.
00:00:17 C'est le Vietnam.
00:00:20 C'était vraiment ainsi. C'était dingue.
00:00:26 Et le tournage a beaucoup ressemblé
00:00:28 à la situation
00:00:32 On était dans la jungle.
00:00:34 On était trop nombreux.
00:00:39 On avait accès à trop d'argent,
00:00:44 à trop d'équipement,
00:00:46 et peu à peu, on a perdu la raison.
00:00:53 En février 1976, Francis Coppola
00:00:55 s'est rendu aux Philippines
00:00:59 Librement inspiré du roman Au Cœur
00:01:02 le film se passe
00:01:39 Mon film n'est pas dans la lignée
00:01:41 du célèbre Max Ophüls,
00:01:45 mais dans celle d'Irwin Allen.
00:01:50 J'ai fait le film
00:01:55 excitant, bourré d'action
00:02:00 un film qui tient le public en haleine
00:02:02 et qui contient du sexe,
00:02:06 parce que je voulais
00:02:09 Mais les questions que je me posais
00:02:13 dans lequel quatre gars vont
00:02:17 C'était ça, l'histoire.
00:02:19 Et je ne pouvais répondre aux questions
00:02:23 Mais vu la façon
00:02:26 je savais que ne pas y répondre
00:02:41 Eleanor, la femme de Coppola,
00:02:46 et a filmé les 238 jours du tournage
00:02:51 Eleanor a aussi enregistré une série
00:02:55 à son insu.
00:02:57 Au départ, celles-ci étaient destinées
00:03:00 uniquement à titre de référence
00:03:03 qu'elle a tenu
00:03:11 Le film décrit de façon métaphorique
00:03:16 Il a fait ce voyage et il le fait encore.
00:03:19 C'est angoissant de voir quelqu'un
00:03:22 et confronter ses peurs,
00:03:23 comme celle de l'échec,
00:03:28 On est voué à échouer un peu,
00:03:31 afin d'en sortir grandi.
00:03:33 Pour Francis,
00:03:37 Ma plus grande peur,
00:03:40 gênant et pompeux
00:03:44 et je suis en train de le faire.
00:03:47 Je confronte ma peur. Je la reconnais.
00:03:49 Je vais vous dire ceci du fond du cœur :
00:03:54 Ce ne sera pas un bon film.
00:03:58 C'est comme aller à l'école,
00:04:01 et obtenir un B
00:04:03 Tu as obtenu un B.
00:04:04 Mais je vais avoir un F.
00:04:16 Ce film est un désastre de 20 millions.
00:04:20 J'ai des pensées suicidaires !
00:04:42 Bonsoir.
00:04:44 Émission de radio du théâtre Mercury
00:04:45 Ici Orson Welles, qui vous invite
00:04:46 à écouter Au Cœur des ténèbres
00:04:53 Imaginez ce que vit
00:04:56 Un homme civilisé
00:04:59 Il accoste dans des marais,
00:05:02 et arrive à un comptoir colonial
00:05:05 toute la sauvagerie
00:05:09 dans le cœur des hommes non civilisés.
00:05:16 En 1939, Orson Welles avait prévu
00:05:19 son premier film.
00:05:21 AU CŒUR DES TÉNÈBRES
00:05:22 Le roman raconte
00:05:24 qui remonte le fleuve Congo
00:05:27 un marchand d'ivoire posté loin
00:05:30 Kurtz, un homme brillant plein d'idéaux,
00:05:34 Mais il succombe plutôt
00:05:36 de la jungle et devient fou.
00:05:41 On a filmé des bouts d'essai
00:05:43 jouant Kurtz, on a conçu des plateaux.
00:05:44 Mais le studio s'est retiré du projet,
00:05:46 craignant que ce film complexe excède
00:05:49 Welles a donc plutôt fait Citizen Kane.
00:05:52 Au Cœur des ténèbres a été abandonné
00:05:58 En 1969,
00:06:01 une compagnie vouée à la production
00:06:06 Un de ses premiers projets fut
00:06:08 un film sur la guerre du Vietnam
00:06:12 Apocalypse Now raconte l'histoire
00:06:15 qui a pour mission d'assassiner Kurtz,
00:06:18 Kurtz a perdu la raison
00:06:20 et il mène la guerre comme il l'entend
00:06:23 George Lucas devait réaliser
00:06:26 Francis a dit qu'Au Cœur des ténèbres,
00:06:30 un de mes livres préférés...
00:06:31 John Milius - COSCÉNARISTE
00:06:33 ...n'avait jamais été adapté
00:06:37 Il a dit qu'Orson Welles
00:06:41 de même que Richard Brooks,
00:06:44 C'est la meilleure chose à dire
00:06:47 "Personne ne pourrait écrire ça."
00:06:50 C'est la 1 re chose que j'ai tentée.
00:06:54 À l'époque, la guerre faisait rage,
00:06:56 et tout le monde se préparait à y aller,
00:07:00 ou à faire ce qu'ils entendaient faire.
00:07:02 Et on a pensé à une méthode
00:07:05 On allait filmer en 16 millimètres là-bas.
00:07:08 C'était l'idée de John.
00:07:11 Et moi, j'étais celui
00:07:15 John a des visions de grandeur.
00:07:19 On serait probablement arrivés
00:07:25 Et tous mes anciens camarades
00:07:28 qui avaient fait des choses atroces
00:07:31 ou prendre un moyen extrême
00:07:35 ils voulaient aller au Vietnam.
00:07:38 Ils voulaient transporter de l'équipement
00:07:43 Et Warner Brothers a sans doute
00:07:46 parce qu'ils ont cru
00:07:49 vu qu'on était si stupides.
00:07:51 On a ensuite présenté le projet
00:07:54 mais personne n'en voulait.
00:07:58 Pourquoi ?
00:07:59 C'était pendant la guerre,
00:08:02 Je ne sais pas si c'était
00:08:05 mais on ne voulait pas de film
00:08:07 Les gens étaient si amers
00:08:10 qu'il y a eu des émeutes.
00:08:12 il y a eu des émeutes dans les rues.
00:08:14 Les gens crachaient sur les soldats.
00:08:17 Et les cadres des studios étaient
00:08:21 à vouloir s'en mêler.
00:08:24 Les cadres ne sont pas reconnus
00:08:30 Faute d'un studio,
00:08:33 et Francis a dû mettre en suspens
00:08:36 Il a donc réalisé Le Parrain I et II,
00:08:39 qui ont remporté huit oscars
00:08:44 En 1975,
00:08:47 et a choisi Apocalypse Now
00:08:51 Dans la position où j'étais,
00:08:54 Écrire un scénario prend au moins
00:08:59 mais on pouvait juste peaufiner
00:09:00 le scénario de Apocalypse Now
00:09:04 Donc, j'ai dit :
00:09:06 "Et si je faisais Apocalypse Now ?"
00:09:09 Et en faisant ça,
00:09:10 on pouvait rendre notre compagnie
00:09:15 Mais rien ne m'avait préparé à un projet
00:09:20 tel que de faire une version moderne
00:09:24 qui se passe au Vietnam.
00:09:26 Mike, peux-tu lire
00:09:28 Auditions, novembre 1975
00:09:29 Glenn, j'aimerais que tu lises... Non.
00:09:34 Tommy, lis les répliques de Willard.
00:09:38 Freddy va lire celles de Chef.
00:09:40 Sam, lis celles de Lance.
00:09:43 Et Albert, celles de Chief.
00:09:45 On va juste lire le scénario
00:09:47 afin de se familiariser avec lui.
00:09:49 Le budget de Apocalypse Now était
00:09:53 Francis devait trouver l'argent lui-même
00:09:58 Si le film excédait le budget,
00:10:02 Il a offert nos biens personnels
00:10:05 Francis a dû débourser
00:10:09 Mais c'était son genre.
00:10:11 Tom Sternberg - COPRODUCTEUR
00:10:12 Sa philosophie a toujours été
00:10:16 "Je vais faire ce film.
00:10:19 "Et si tout le monde sait
00:10:22 "les choses s'arrangeront.
00:10:23 "Si je ne fonce pas
00:10:28 "rien ne se passera."
00:10:32 Mon attitude à l'égard de l'argent
00:10:36 "J'en ai peu, mais si je m'en sers
00:10:42 Si j'ai 1 000 $ et que je m'en sers
00:10:47 c'est comme si j'avais 10 000 $ .
00:10:50 Marlon Brando avait laissé savoir
00:10:54 Brando avait accepté de faire
00:10:58 Francis lui avait déjà envoyé
00:11:02 APOCALYPSE NOW est commencé.
00:11:05 Après l'audition de dizaines d'acteurs,
00:11:07 Harvey Keitel a été choisi
00:11:09 Marlon Brando, Robert Duvall
00:11:10 Et voici l'équipage
00:11:13 Sam Bottoms incarnerait Lance.
00:11:16 Albert Hall, Chief.
00:11:20 Frederic Forrest, Chef.
00:11:23 Et Larry Fishburne, âgé de 14 ans,
00:11:27 C'est vraiment amusant, tout ça.
00:11:31 On peut faire tout ce qu'on veut.
00:11:32 C'est pourquoi
00:11:35 pour les gars qui étaient là-bas.
00:11:38 Je connais un gars qui en est revenu.
00:11:42 Ce n'est rien qu'un fumeur de drogue.
00:11:45 Il a dit : "Le Vietnam est la meilleure
00:11:50 Luçon, Philippines - Février 1976
00:11:58 On a choisi les Philippines
00:12:00 en raison de ses similarités
00:12:04 Comme l'armée américaine a refusé
00:12:06 pour le tournage d'un film
00:12:09 Francis s'est entendu avec Ferdinand
00:12:14 La production paierait l'armée
00:12:17 et les pilotes philippins
00:12:21 En retour, Francis pourrait utiliser
00:12:25 tant qu'ils n'auraient pas à combattre
00:12:29 Des rebelles avaient livré
00:12:32 pour prendre le contrôle
00:12:37 Mais vivre réellement cette situation,
00:12:40 être au milieu de la jungle
00:12:42 et devoir gérer
00:12:46 ça faisait partie du film.
00:12:48 C'était la première décision
00:12:55 dans un contexte
00:13:05 Je lui ai dit tout ce qu'on savait
00:13:08 sur les tournages aux Philippines.
00:13:10 J'ai dit : "Francis, tu peux bien y aller
00:13:12 "pendant trois semaines
00:13:15 "et tourner plein d'images
00:13:20 "Mais si on croit
00:13:22 "tu vas te faire tuer.
00:13:25 "Plus tu restes longtemps là-bas,
00:13:27 "de finir ta vie dans les marais."
00:13:34 Le 1er mars, je suis allée aux
00:13:38 Gio, 12 ans, Roman, 10 ans,
00:13:41 et Sofia, quatre ans.
00:13:44 Francis m'a demandé
00:13:47 pour le service de publicité
00:13:49 J'ignore s'il veut éviter
00:13:52 à une production déjà trop vaste
00:13:58 La chaleur et l'humidité
00:14:01 C'est la 1 re fois
00:14:03 des rizières
00:14:06 Sofia a dit : "On dirait la croisière
00:14:19 PROD : DOC. C'EST L'AP.
00:14:20 Aujourd'hui, j'ai filmé des images
00:14:22 sur le plateau principal,
00:14:25 C'est censé être
00:14:27 au bout de la rivière,
00:14:29 et c'est là
00:14:33 Dean Tavoularis,
00:14:35 dirige la construction du temple
00:14:37 bâti avec des blocs d'adobe séché
00:14:56 Six cents personnes
00:14:59 À Hollywood ou à New York,
00:15:00 c'est compliqué d'ajouter des gens.
00:15:02 Leur salaire et les avantages coûtent
00:15:05 Dean Tavoularis
00:15:06 Et j'espère qu'on n'exploitait pas
00:15:09 mais là-bas,
00:15:13 On pouvait donc ajouter pas juste
00:15:28 Premier jour de tournage
00:15:29 Depuis que j'ai étudié à l'université,
00:15:31 on fait toujours la même chose
00:15:34 On l'a fait à chacun des miens,
00:15:36 et ça leur a porté chance.
00:15:40 Ce que c'est...
00:15:42 Que tout le monde touche
00:15:44 afin qu'on soit tous connectés.
00:15:46 Approchez-vous pour qu'on voie bien.
00:15:48 - Bonne chance.
00:15:51 Ensuite, on dit trois fois
00:15:59 - Quel mot ?
00:16:00 Puwaba.
00:16:02 Un, deux, trois.
00:16:03 Puwaba, puwaba, puwaba !
00:16:05 Ouais !
00:16:12 C'est le premier jour du tournage.
00:16:15 Le plateau est sur une exploitation
00:16:19 Dans la scène, un hélicoptère
00:16:23 qui l'amènera à sa mission.
00:16:25 D'accord. Prêts !
00:16:29 Action !
00:16:42 À un niveau,
00:16:45 C'est le récit d'un voyage
00:16:49 Mais le film aura aussi
00:16:53 qui, je l'espère, éclaircira un peu
00:16:57 les événements qui se sont passés,
00:17:02 et leurs effets sur les gens impliqués.
00:17:11 Nous sommes presque persuadés
00:17:14 quelque chose d'essentiel nous attend
00:17:20 quelque chose d'indigène
00:17:24 et de certainement indicible.
00:17:38 La nuit passée, Francis a visionné
00:17:41 C'était les scènes avec Harvey Keitel,
00:17:45 Après, il s'est assis sur le divan
00:17:48 "Alors, qu'en pensez-vous ?"
00:17:50 Je suis montée
00:17:53 et quand je suis redescendue
00:17:55 Francis avait décidé
00:18:01 On a serré les dents et on a fait
00:18:05 Fred Roos - COPRODUCTEUR
00:18:06 ...soit remplacer un acteur
00:18:09 Ce n'était pas juste désagréable,
00:18:12 car plusieurs semaines de travail
00:18:14 Coppola perd sa barbe,
00:18:17 Prise un.
00:18:21 Action.
00:18:22 Qu'en penses-tu, Willard ?
00:18:26 Tuer le colonel.
00:18:31 Tuez-le sans aucune pitié.
00:18:37 Il y a deux jours, Francis s'est rasé
00:18:40 Martin Sheen et lui se sont rencontrés
00:18:44 Marty a accepté
00:18:48 J'étais préoccupé
00:18:51 J'avais 36 ans,
00:18:57 et je fumais trois paquets par jour.
00:19:02 Je n'étais pas certain
00:19:05 Quand on m'a embauché,
00:19:11 Ça n'a pas été le cas,
00:19:15 mais qui l'aurait deviné ?
00:19:25 C'est la cinquième semaine
00:19:27 Il fait de plus en plus chaud
00:19:30 Chaque jour,
00:19:37 Maintenant, je veux, disons,
00:19:42 Ça prend une caméra ici
00:19:45 Je veux deux caméras en même temps.
00:19:48 Il y en aura une avec Enrico
00:19:51 Dans le scénario,
00:19:52 une unité d'hélicoptères
00:19:56 attaque un village côtier
00:19:58 afin d'escorter le bateau de Willard
00:20:02 Vu tous les figurants
00:20:05 cette scène est la plus compliquée
00:20:19 Francis me répétait toujours ceci :
00:20:21 Vittorio Storaro - DIRECTEUR PHOTO
00:20:22 "Souviens-toi que ce n'est pas
00:20:25 "sur la guerre du Vietnam.
00:20:27 "C'est un spectacle,
00:20:31 "ils transforment tout
00:20:34 "Ils créent un événement,
00:20:35 "un gros spectacle son et lumière.
00:20:40 "Même l'idée d'avoir mis du Wagner
00:20:44 "Ça fait partie du spectacle, de l'opéra.
00:20:45 "Ça fait partie du fantasme
00:21:36 - Dites-leur de couper.
00:21:38 - Très bien.
00:21:40 Lors de la dernière scène,
00:21:43 quand le Huey arrive,
00:21:47 ils volent trop haut.
00:21:50 D'accord. Ici Coppola.
00:21:52 Que tous les aéronefs, les Hornet
00:21:55 atterrissent dans les rizières.
00:22:00 À cause de la guerre civile dans le sud,
00:22:02 on envoie chaque jour
00:22:04 qui n'ont pas participé aux répétitions
00:22:06 et qui font perdre des dizaines
00:22:11 Aujourd'hui, un général des forces
00:22:15 Selon la rumeur, les rebelles étaient
00:22:19 L'état-major philippin craignait
00:22:20 qu'on attaque nos hélicoptères.
00:22:24 En plein milieu d'une scène complexe,
00:22:25 les hélicoptères se sont fait rappeler
00:22:29 Alors ?
00:22:30 - Ils en prennent cinq.
00:22:34 Une seconde. Attendez.
00:22:36 On vient d'apprendre
00:22:39 Devrait-on la faire ?
00:22:41 Le Huey s'en va.
00:22:45 On la fera la semaine prochaine.
00:22:56 Apocalypse Now entouré
00:22:58 Le film de Coppola sur le Vietnam :
00:23:01 La presse rapporte des problèmes
00:23:04 Le tournage est-il retardé ?
00:23:07 Eh bien, on a du retard,
00:23:11 C'est juste que le film est énorme.
00:23:14 Je dirais que la production de ce film
00:23:17 a deux fois plus d'ampleur
00:23:20 y compris Le Parrain I et II réunis.
00:23:22 C'est un film si énorme
00:23:25 On avance là-dedans pas à pas.
00:23:29 Chaque jour,
00:23:32 Le film lui-même est
00:23:39 Va te changer !
00:23:40 Tout de suite, monsieur ?
00:23:42 Je veux voir si ça se surfe bien.
00:23:45 C'est encore dangereux par ici.
00:23:46 - Tu veux surfer, soldat ?
00:23:49 Bien, parce que tu vas soit surfer,
00:23:52 Maintenant, vas-y !
00:23:54 Les gars de la cavalerie aérienne
00:23:58 Un des conseillers techniques
00:24:01 des histoires vécues
00:24:05 desquelles je me suis inspiré.
00:24:08 Par exemple,
00:24:12 des gars se sont vraiment rendus
00:24:15 et ont tenté d'accrocher un vélo
00:24:20 en lui tirant dessus.
00:24:21 Ils l'ont suivi pendant un moment.
00:24:22 Finalement, ils ont accroché le vélo et...
00:24:24 Ils jouaient à de tels jeux
00:24:29 Les hommes jouent à de drôles de jeux.
00:24:42 J'adore l'odeur du napalm le matin.
00:24:45 Une fois, on a bombardé une colline
00:24:47 Et quand que ce fut terminé,
00:24:51 On n'a trouvé personne.
00:24:56 L'odeur, cette odeur d'essence...
00:24:59 Toute la colline sentait
00:25:06 la victoire.
00:25:13 Un jour, cette guerre va cesser.
00:25:18 Ça n'évoquait pas juste
00:25:20 mais aussi L'Odyssée.
00:25:22 Kilgore était comme le Cyclope.
00:25:24 Il devait être vaincu, dupé.
00:25:27 Et les filles de Playboy étaient
00:25:35 C'est certainement un drôle
00:25:42 La guerre prenait
00:25:45 elle devenait une guerre psychédélique.
00:25:49 La culture s'est propagée
00:25:54 cette étrange culture américaine
00:26:00 et on sentait que c'était
00:26:03 et que les choses sont allées plus loin
00:26:11 À l'époque du tournage,
00:26:12 on ignorait qu'il y avait
00:26:14 Personne ne savait
00:26:17 On nous dissimulait
00:26:19 C'était donc notre chance
00:26:21 de faire un film
00:26:25 On a donc regroupé
00:26:28 et quelques-unes provenant
00:26:30 qui avaient combattu là-bas.
00:26:32 Et c'était vraiment une quête
00:26:35 qui nous faisait explorer
00:26:40 et on en saisissait toute la folie.
00:26:44 À ce stade, le film devait se terminer
00:26:50 dans lequel Willard et Kurtz
00:26:53 repoussent l'ennemi.
00:26:56 Et quand les hélicos viennent
00:26:58 "Non. J'ai combattu trop dur ici",
00:27:00 et il abat l'hélicoptère.
00:27:02 On se bat pour la terre sous nos pieds,
00:27:04 pour l'or dans nos mains,
00:27:05 pour les femmes vénérant
00:27:08 "J'invoque le feu du ciel.
00:27:11 "Sais-tu ce que c'est
00:27:13 "qui peut invoquer le feu du ciel ?
00:27:16 "On peut vivre et périr
00:27:19 "Pas pour des idéaux stupides
00:27:22 "Vous, pourquoi
00:27:26 Et il répond : "Parce que j'aime ça."
00:27:31 Je n'ai jamais aimé la fin.
00:27:36 Elle n'était pas meilleure
00:27:39 et ne répondait
00:27:43 C'était une fin gung-ho, macho,
00:27:49 J'ai donc décidé de m'inspirer bien plus
00:27:53 que John et George
00:27:56 J'aimerais qu'on garde l'analyse
00:28:01 J'ai su très tôt à mon arrivée là-bas
00:28:05 que je ferais fusionner le scénario
00:28:09 et avec ce qui m'arriverait
00:28:11 Je savais que c'était ça, mon concept.
00:28:15 Cet après-midi,
00:28:19 Apparemment, Brando refuse
00:28:22 de réécrire la fin du film.
00:28:25 Brando le menace
00:28:27 et de conserver l'avance d'un million
00:28:30 Prétendent-ils sérieusement
00:28:34 et ne se présenterait pas ?
00:28:39 Imaginez ça. Me voici,
00:28:40 avec à peu près 50 choses
00:28:44 comme les maudits hélicoptères
00:28:46 reprend quand ça lui chante,
00:28:48 et c'est déjà arrivé trois fois.
00:28:50 Je demande juste à Marlon
00:28:54 Je sais que c'est entièrement ma faute.
00:28:57 Mais il faudrait que je tourne
00:29:00 au début ?
00:29:01 Dis-leur de continuer de jouer, Randy.
00:29:03 Je pensais que Marlon ferait preuve
00:29:07 et je ne m'étais pas rendu compte
00:29:14 Le film est plus gros
00:29:17 Personnellement, en tant qu'artiste,
00:29:21 de le tourner en entier,
00:29:23 de prendre un mois de congé,
00:29:26 de réécrire la fin et de la filmer.
00:29:28 C'est ainsi qu'on ferait
00:29:30 Ça me semble la chose sensée à faire.
00:29:33 Et j'ai l'impression que les gens là-bas
00:29:36 pensent qu'un ajournement signifie
00:29:40 Mais de grands studios intelligents
00:29:42 faisaient constamment ce genre
00:29:45 Ce qui me dérange
00:29:49 c'est de penser que je vais faire tout ça,
00:29:51 après tout ce que j'ai vécu auparavant,
00:29:55 et après 16 semaines de tournage,
00:29:58 dans lequel j'ai investi
00:30:02 C'est stupide.
00:30:04 Même si Brando nous laisse tomber,
00:30:07 avec un autre acteur.
00:30:09 Si Redford ne peut pas,
00:30:11 Sinon, je reviendrai à Pacino
00:30:13 ou à quelqu'un d'autre.
00:30:15 Tôt ou tard, je pourrai embaucher
00:30:19 On va finir ce film.
00:30:35 Le 18 mai 1976
00:30:42 C'est la 1 re journée de pluie torrentielle.
00:30:46 Je n'ai jamais vu d'aussi fortes pluies.
00:30:49 L'eau a commencé à couler
00:30:51 et Sofia s'amuse là-dedans.
00:30:54 Francis a décidé
00:30:56 et il écoute La Bohème à plein volume.
00:31:00 Je savais qu'en cas de mauvais temps,
00:31:05 Mais j'ignorais
00:31:07 Je pensais juste au fait
00:31:22 JE VIENS DE PARLER À PAL.
00:31:32 QUI SONT EXTRÊMEMENT INQUIETS.
00:31:43 Le bilan des morts s'élève
00:31:48 Même après le passage du typhon,
00:31:52 Il a dit : "C'est arrivé,
00:31:56 "Il y a beaucoup
00:32:02 Ne partez pas sans moi.
00:32:05 On est allés à Iba pour tourner
00:32:10 Le plateau était détruit à 80%.
00:32:14 J'avais de la boue jusqu'aux genoux.
00:32:16 Il pleuvait à boire debout.
00:32:19 À un tel point que ça faisait mal.
00:32:21 Les Philippines ravagées par un typhon,
00:32:26 Au début, il ne faisait que pleuvoir fort.
00:32:30 on a compris que ça dévastait les villes,
00:32:33 que les rivières débordaient
00:32:37 Ils étaient tous sur le toit des hôtels.
00:32:40 On a dû arrêter temporairement
00:32:42 Des plateaux avaient été détruits.
00:33:08 Afin de les reconstruire,
00:33:09 Francis a ajourné le tournage
00:33:12 Les acteurs et l'équipe sont rentrés
00:33:15 C'était l'occasion pour tout le monde
00:33:18 de se détendre un peu
00:33:22 car il devenait évident
00:33:24 que le tournage serait
00:33:26 Domaine Coppola, Napa, Californie
00:33:31 La nuit dernière,
00:33:33 C'était magnifique.
00:33:37 Francis se retournait sans arrêt.
00:33:39 Ce matin, il a dit avoir rêvé
00:33:43 Mais maintenant qu'il était réveillé,
00:33:46 Il a dit qu'il devait abandonner
00:33:49 parce qu'il n'exprimait pas vraiment
00:33:51 et il ignore encore comment faire
00:33:56 Ça fait tellement longtemps
00:33:58 Il connaît tous les détails du film
00:34:01 C'est comme s'il tournait en rond.
00:34:03 J'appelle ce film l'Idiodyssée.
00:34:08 - L'Idiodyssée ?
00:34:12 Aucun de mes outils, de mes tours...
00:34:14 FIN DE LA FRAPPE AÉRIENNE
00:34:16 ... ou de mes façons de faire
00:34:20 J'ai essayé tant de fois.
00:34:25 Ce serait une victoire
00:34:27 Je ne peux pas écrire la fin de ce film.
00:34:30 J'avais de la pression. Je m'étais
00:34:33 Des gens s'en étaient sortis,
00:34:38 Et c'était mon travail
00:34:40 de tout mettre en place
00:34:42 Je ne comprenais pas
00:34:46 J'avais l'impression qu'on pouvait
00:34:49 Je l'appuie vraiment comme artiste,
00:34:51 et selon moi, un artiste peut prendre
00:34:55 tous les moyens possibles pour créer.
00:34:58 J'ai toujours eu confiance.
00:35:00 On s'en fiche s'ils saisissent
00:35:04 Il était très créatif.
00:35:07 ou faire un autre travail
00:35:12 Cela ne me faisait donc pas peur.
00:35:16 En fait, à ce moment-là,
00:35:20 On avait acheté une maison victorienne
00:35:23 avec des employés,
00:35:25 La vie était compliquée pour moi.
00:35:28 Et j'aurais adoré
00:35:31 devoir vivre plus modestement.
00:35:33 Donc, une partie de moi
00:35:36 Peu m'importait
00:35:42 Ça allait.
00:35:49 Un mélodrame se passe
00:35:51 et il est tout aussi prenant
00:35:56 Le protagoniste en difficulté est
00:36:00 qui lutte à nouveau
00:36:02 pour la survie financière de son rêve.
00:36:04 Si vous lisez le journal
00:36:07 vous savez que ça fait bien des années
00:36:11 que M. Coppola travaille sur ce film.
00:36:13 Tout ou rien
00:36:15 L'AVOIR DE COPPOLA EN GARANTIE
00:36:18 La presse m'a dépeint
00:36:20 comme une sorte de fou
00:36:24 ce qui n'est pas vraiment vrai,
00:36:27 Il est vrai que c'était mon argent.
00:36:28 Mais la différence,
00:36:32 C'est pour ça que ça semblait
00:36:36 Avez-vous déjà pensé abandonner ?
00:36:38 Comment ferais-je ça ?
00:36:43 C'était moi qui finançais le film.
00:36:50 Le 25 juillet 1976.
00:36:53 On est retournés aux Philippines
00:36:56 Francis espérait finir le tournage
00:37:07 On ressent une puissante euphorie
00:37:11 tout comme à la guerre,
00:37:12 quand on tue ou qu'on risque d'être tué.
00:37:16 Francis a pris
00:37:18 en réalisant le film ainsi.
00:37:21 Le film excède maintenant
00:37:23 somme que le distributeur,
00:37:27 Mais Francis devra tout rembourser
00:37:31 Ça me permet de me concentrer
00:37:34 et de ne pas me préoccuper
00:37:40 Je sais que chaque bâtiment
00:37:42 ou chaque pont construit dépasse
00:37:46 Chaque projet de la NASA
00:37:47 ou tout projet requérant bien des gens,
00:37:52 tout projet de construction
00:37:54 excède constamment son budget.
00:37:55 Et un film ne fait pas exception
00:37:58 Il est vrai que comme c'était
00:38:01 et que je sentais que j'allais
00:38:03 je voulais continuer dans celle-ci.
00:38:07 Comme c'était mon argent,
00:38:10 Dans une séquence du film,
00:38:12 celle de la plantation française,
00:38:14 un patrouilleur
00:38:17 devait accoster
00:38:19 à une plantation de caoutchouc
00:38:25 et il y avait plein de cadres
00:38:27 qui avaient combattu le Viet Minh
00:38:30 et ils ne nous lâchaient pas.
00:38:33 Voici une discussion sur la plantation.
00:38:35 La plantation...
00:38:36 Pendant toute la scène,
00:38:42 et ça aura l'air d'un rêve.
00:38:45 Vous avez besoin
00:38:47 Vous en avez bien assez.
00:38:51 - Puis-je acheter celles que j'ai ?
00:38:53 D'accord, je vous les offrirai
00:38:55 mais ayez-en assez.
00:38:56 Je veux de vraies mitrailleuses.
00:38:58 L'équipe de production doit mitrailler
00:39:01 comme si Fidel Castro avait livré
00:39:04 J'ai besoin de trois ou quatre Français.
00:39:08 Mais ils ne doivent pas être en France.
00:39:10 Si on ne peut pas les faire venir
00:39:14 je les ferai venir de France.
00:39:16 Le vin blanc doit être servi très froid.
00:39:18 Le vin rouge, à environ 14 °C.
00:39:22 Il devrait être débouché environ
00:39:25 ou même deux heures
00:39:28 Je veux une cérémonie française
00:39:31 Je veux que les Français disent :
00:39:36 Mon idée,
00:39:38 ils remontaient
00:39:42 d'une drôle de façon,
00:39:44 comme si on revisitait
00:39:47 Et le premier arrêt se faisait
00:39:50 À ce moment,
00:39:51 Je voulais que la plantation française
00:39:55 ait un aspect fantomatique,
00:39:58 comme la lumière des étoiles,
00:40:01 qu'on voit même après leur extinction.
00:40:04 On recherchait ce genre d'impression.
00:40:08 C'était comme souper
00:40:12 Ils étaient encore quelques centaines
00:40:16 à essayer de se convaincre
00:40:21 Ils n'étaient plus français
00:40:25 C'était des laissés-pour-compte
00:40:29 Ils s'accrochaient à leur place
00:40:33 Nous, nos ongles étaient plus longs,
00:40:37 Combien de temps
00:40:43 - Rester ?
00:40:46 Quand rentrerez-vous en France ?
00:40:50 Rentrer ?
00:40:51 Ici, on est chez nous, capitaine.
00:40:54 - Tôt ou tard, vous allez...
00:40:58 Vous ne comprenez rien
00:41:02 On voulait juste montrer
00:41:05 À la fin, il fait une sorte de discours
00:41:08 "S'ils nous chassent de la maison,
00:41:13 "et s'ils nous chassent du fossé,
00:41:18 "Et nous allons toujours essuyer le sang
00:41:22 Ça me plaît.
00:41:24 Alors quand vous me demandez
00:41:30 je vous réponds :
00:41:32 Ça nous appartient.
00:41:34 C'est ce qui garde notre famille unie.
00:41:38 On se bat pour ça.
00:41:42 Tandis que vous, les Américains,
00:41:44 vous vous battez pour du vent.
00:41:51 Notre budget avait été
00:41:53 On n'avait pas la distribution
00:41:56 Mais le service artistique et les autres
00:41:58 n'avaient pas réduit le leur,
00:42:01 d'avoir ce plateau extraordinaire
00:42:04 Des décorations extraordinaires,
00:42:08 Et la séquence des Français
00:42:11 À cause de ça, je l'ai coupée.
00:42:13 J'étais très insatisfait de tout.
00:42:16 L'éclairage, tout.
00:42:18 Alors cette scène, oubliez-la.
00:42:21 Elle n'existe plus.
00:42:37 Je m'inquiète de tomber
00:42:42 Mais ne crois-tu pas
00:42:45 que c'est ainsi que ton talent s'exprime
00:42:48 Ils sont au bord
00:42:51 Et si tu criais au ciel :
00:42:53 "J'ignore ce que je fais, merde !"
00:42:54 Je l'ai déjà fait.
00:42:56 C'est une autre forme de complaisance.
00:43:00 Je suis sûr que j'ai manqué
00:43:03 et que j'en manquerai d'autres.
00:43:05 Mais j'en ai aussi saisi plusieurs.
00:43:06 Ce qui compte, c'est combien
00:43:17 Francis a atteint une région
00:43:20 qu'il n'avait jamais projeté d'atteindre,
00:43:22 une région de conflit.
00:43:23 Et il ne peut pas redescendre la rivière,
00:43:28 J'assistais à cela
00:43:31 sans me douter
00:43:34 Et maintenant,
00:43:37 Ni Francis. Ni Willard.
00:43:45 C'était comme remonter
00:43:48 quand la végétation abondait sur Terre
00:43:52 Des arbres,
00:43:54 immenses, qui s'élèvent très haut
00:43:58 Et à leur pied, sur la rive du ruisseau,
00:44:01 un petit bateau à vapeur sale avançait,
00:44:05 sur le plancher d'un portique imposant.
00:44:09 J'ignore où les gars de la compagnie
00:44:12 Mais pour moi,
00:44:14 il allait vers Kurtz.
00:44:34 Francis travaille de façon très intuitive.
00:44:37 Il aime profiter des occasions
00:44:42 Francis aime laisser les choses aller.
00:44:44 Mais le problème quand on fait ça,
00:44:47 c'est qu'on se retrouve avec un film
00:44:50 parfois bien trop long
00:44:53 et dont le récit semble trop dilué
00:44:57 pour tenir les spectateurs en haleine.
00:45:00 Et quand tu te mets en colère, Albert,
00:45:03 ne décide pas de ce que tu vas faire.
00:45:06 Peu importe ce que tu fais,
00:45:09 Francis écrivait sur de petites cartes.
00:45:11 J'en ai gardé quelques-unes.
00:45:16 - Voulez-vous en lire une ?
00:45:20 Comme vous voyez, on écrivait
00:45:24 Maintenant,
00:45:28 Ça prend les avions.
00:45:31 mais elle ne le sera jamais.
00:45:33 Et ensuite, je propose
00:45:36 Sam, Chief, Martin, tout le monde,
00:45:40 Je me servirai de sons d'avions
00:45:43 afin de créer l'illusion qu'ils sont là.
00:45:45 "Oiseaux, Lance.
00:45:49 C'était ainsi. Voici la liste des prises.
00:45:52 Parfois, c'était écrit...
00:45:55 C'était écrit "scènes inconnues"
00:45:59 On ne faisait que se présenter là-bas.
00:46:01 Ils ignoraient quoi faire.
00:46:03 On n'allait pas là en demandant
00:46:05 Il y avait un plan chaque jour.
00:46:08 Mais comme Francis est un scénariste
00:46:11 et avait coécrit le scénario,
00:46:13 il pouvait improviser,
00:46:17 et si une nouvelle idée germait,
00:46:20 il pouvait passer la nuit à l'écrire.
00:46:22 Puis, tu vas faire ce drôle de discours
00:46:26 "Démons. Enfants de chienne.
00:46:27 "Allez-vous-en. Quittez ce bateau.
00:46:29 "Reculez, espèces de morts-vivants,
00:46:32 "Capitaine, c'est ta faute.
00:46:34 "C'est ton enfer, ton cauchemar."
00:46:36 Je sentais qu'il considérait
00:46:40 comme des joyaux
00:46:45 Et il a aussi été très ouvert
00:46:49 Pourquoi ne pas dire :
00:46:53 "Tu as perdu la raison.
00:46:56 "Tu es fou,
00:46:58 - Un truc du genre.
00:46:59 Mais essaie-le. "C'est ton enfer."
00:47:01 "Ce rêve, c'est ton enfer.
00:47:05 "C'est ta faute, espèce d'ivrogne.
00:47:09 "Salaud !"
00:47:10 Tu dois croire que tu... Tu deviens fou.
00:47:14 Tu as perdu la raison.
00:47:18 Il a créé une certaine atmosphère,
00:47:22 toutes les séquences sur le bateau.
00:47:24 Sampan avant bâbord. Allons voir.
00:47:28 Lance, amène-les. C'est libre sur le 60.
00:47:33 Francis nous faisait écrire une liste
00:47:40 On a tous décidé
00:47:41 qu'on voulait faire
00:47:43 On voulait qu'un interrogatoire
00:47:45 sur un bateau se termine
00:47:49 On voulait vivre une telle expérience.
00:47:51 - Il n'y a rien ici.
00:47:54 - Vérifie les boîtes en fer, les rouillées.
00:47:57 Rien d'autre que du riz ! Il n'y a rien !
00:47:59 Vérifie la boîte jaune !
00:48:01 Elle était assise dessus.
00:48:06 Chef !
00:48:12 Maudit... Espèce de tapette !
00:48:17 - Arrête.
00:48:20 - Espèce de tapette !
00:48:23 Tuons-les tous, ces trous du cul !
00:48:25 - Arrête ! Chef, arrête !
00:48:28 Seigneur. Pourquoi pas ?
00:48:33 - Clean.
00:48:40 Vous avez vu pourquoi elle courait ?
00:48:45 C'est un maudit chiot !
00:48:47 Je crois qu'au fond,
00:48:52 À mon avis, c'était ça, mon rôle.
00:48:55 Clean représentait les gamins
00:49:00 et qui ne savaient rien du tout.
00:49:04 On les avait envoyés là-bas
00:49:40 Tout le monde
00:49:42 semble vivre une expérience
00:49:45 et qui change la vision
00:49:49 et la même chose arrive à Willard
00:49:53 Il se passe sans aucun doute
00:50:01 100e jour de tournage
00:50:05 100 JOURS
00:50:09 FRANCIS VOUS FÉLICITE
00:50:10 POUR LES 100 JOURS
00:50:12 DE APOCALYPSE NOW
00:50:33 À QUAND L'APOCALYPSE ?
00:50:38 L'apocalypse à jamais
00:50:48 Pour moi, le cinéma,
00:50:49 ça ne consistait pas juste
00:50:53 et à aller le tourner.
00:50:56 et qu'on vit au cours du tournage,
00:50:58 ça aussi, ça importe.
00:51:01 Et parfois un réalisateur fait plus
00:51:04 que simplement se fier au scénario
00:51:08 et diriger l'équipe et les acteurs.
00:51:10 Les conditions, l'humeur
00:51:15 ainsi que ce que vit chaque personne
00:51:17 influencent aussi grandement le film.
00:51:22 Qu'est-ce qui ne va pas avec toi ?
00:51:26 Tu te souviens du dernier comprimé
00:51:28 Oui.
00:51:30 - Je l'ai avalé.
00:51:33 Super.
00:51:34 La plupart du temps, je jouais
00:51:38 On en a fumé beaucoup.
00:51:43 Et l'équipe de tournage
00:51:48 - Avez-vous pris de l'acide ?
00:51:51 - Pendant le tournage ?
00:51:55 Au pont Do Lung ?
00:52:00 Non, j'avais pris autre chose
00:52:05 Je n'avais pas pris d'acide là-bas,
00:52:09 - Qu'aviez-vous pris ?
00:52:12 On travaillait beaucoup de nuit,
00:52:20 J'ai aussi pris
00:52:22 On était vraiment des mauvais garçons.
00:52:25 C'était fou. Un peu dément.
00:52:29 Tout ça, c'était dément.
00:52:30 On n'avait pas l'impression
00:52:33 On était comme dans un rêve.
00:52:35 On disait à Francis :
00:52:36 "Je ne suis pas ici, Francis,
00:52:40 Et ils disaient : "Où es-tu aujourd'hui ?"
00:52:42 J'étais à Waco, à Des Moines...
00:52:45 Où je voulais.
00:52:47 La journée passait
00:52:51 ...étudié à l'école Escoffier.
00:52:52 C'était vraiment fou,
00:52:54 la fois où j'étais dans la jungle
00:52:57 Oui, c'était vraiment... C'était dingue.
00:53:01 Il y avait un gars là-bas...
00:53:04 Il avait un léger trouble de la parole.
00:53:06 Il avait aussi des cicatrices
00:53:10 parce qu'il s'était battu
00:53:13 Si un félin fait ça 2 ou 3 fois,
00:53:16 Monty Cox - DRESSEUR
00:53:18 Car une fois qu'il fait un trou
00:53:21 C'est souvent l'articulation
00:53:24 et quand ça arrive,
00:53:26 Pour éviter qu'il récidive,
00:53:27 habituellement, on l'abat
00:53:30 Le dresseur avait accroché un cochon
00:53:34 Puis, il tirait dessus
00:53:36 pour que le tigre saute
00:53:38 Il venait et disait :
00:53:40 "Gambi a très faim aujourd'hui, Martin.
00:53:44 "Je suis sûr qu'il va obéir
00:53:46 "On ne l'a pas nourri
00:53:48 - Merde !
00:53:51 On arrivait là,
00:53:54 On lui répondait :
00:54:02 Qu'y a-t-il ?
00:54:06 Charlie ? V.C. ?
00:54:14 Un tigre !
00:54:17 Je n'ai jamais eu aussi peur de ma vie,
00:54:19 car il était tellement rapide.
00:54:21 Les gars couraient partout,
00:54:24 Je dois me souvenir
00:54:27 Ne jamais débarquer du bateau !
00:54:28 Et à mes yeux, l'essence du film,
00:54:32 c'était le regard du tigre,
00:54:36 comme s'il se fichait de nous.
00:54:40 Si le tigre voulait notre peau, il l'avait.
00:54:49 Ne jamais débarquer du bateau.
00:54:55 Sauf si on voulait aller jusqu'au bout.
00:55:00 Je me rappelle
00:55:04 car je ne comprenais pas
00:55:07 "Qui c'est, Willard ?
00:55:10 Et Francis m'a regardé
00:55:14 "C'est toi. Peu importe qui tu es.
00:55:18 "Peu importe ce qu'on filme,
00:55:27 Francis a dit avoir rêvé
00:55:29 qu'il était sur le plateau
00:55:31 avec Marty
00:55:34 Dans son rêve,
00:55:37 que ce qu'il faisait avec Marty était mal.
00:55:41 Le béret vert a dit
00:55:44 Et il allait devant le miroir
00:55:46 pour admirer sa belle chevelure
00:55:49 Dans le rêve de Francis, il a ordonné
00:55:53 et d'admirer sa bouche.
00:55:55 Et quand il s'est retourné,
00:55:56 il a vu que Marty était soudain
00:56:06 Francis cherchait un moment
00:56:09 où on verrait le côté sombre
00:56:13 son identité primitive ou...
00:56:15 Une facette de sa personne
00:56:20 comment il pourrait
00:56:23 Quand j'ai tourné cette scène,
00:56:27 je voulais montrer
00:56:31 Et j'imaginais que si ce gars-là
00:56:35 dont il n'avait jamais parlé,
00:56:38 Il devait y avoir une part de Kurtz en lui.
00:56:42 Préparez-vous le plus vite possible,
00:56:45 Allons-y. Rechargez.
00:56:47 Encouragez-nous un peu !
00:56:48 Bon, c'est parti.
00:56:54 Ils ont préparé une chambre d'hôtel,
00:56:59 À l'époque, il ne buvait pas du tout,
00:57:01 et ils l'ont filmé à son insu.
00:57:08 Attention à vos réflexions
00:57:11 Oui, à vos places.
00:57:12 Cinq B, prise trois, caméra A.
00:57:15 Action !
00:57:19 On a tourné cette séquence d'ouverture
00:57:24 et j'étais tellement soûl
00:57:28 Marty, regarde-toi dans le miroir.
00:57:33 Regarde à quel point tu es beau.
00:57:34 Je veux que tu regardes
00:57:43 Tu as l'air d'une vedette de cinéma.
00:57:49 Maintenant, fais-toi peur, Marty.
00:57:53 Montre l'animal en toi.
00:58:08 J'étais tellement soûl que j'ignorais
00:58:12 Alors quand j'ai frappé dedans,
00:58:13 mon pouce s'est coincé
00:58:19 D'accord, coupez.
00:58:23 A-t-on un médecin ?
00:58:24 Francis a voulu faire cesser ça
00:58:27 Il y avait une infirmière à côté,
00:58:32 "Je veux que ça sorte.
00:58:35 Je voulais affronter
00:58:39 J'étais dans un état chaotique
00:58:48 Parle-moi.
00:58:55 Pourquoi es-tu revenu ?
00:59:06 Je l'ai affronté comme un tigre.
00:59:09 C'était très dur pour moi
00:59:14 Salaud !
00:59:18 Penses-y.
00:59:21 Ta femme.
00:59:25 - Ta maison.
00:59:28 Ta voiture.
00:59:33 Mon...
00:59:36 Mon cœur est brisé !
00:59:43 Merde !
00:59:47 L'atmosphère était si tendue
00:59:49 que Marty pourrait bondir sur la caméra
00:59:52 Il y avait de l'électricité dans l'air.
00:59:56 Ils étaient à l'intérieur d'un homme,
01:00:00 avec quelqu'un qui vivait
01:00:11 J'ai fait semblant de ne pas me rappeler
01:00:16 Mais je me rappelle de tout.
01:00:18 Dave, donne-moi
01:00:21 Viens, va prendre une douche.
01:00:25 Marty est extrêmement généreux.
01:00:32 Il est plein d'amour,
01:00:34 et...
01:00:38 Il est tout le contraire de Willard.
01:00:43 Donc, quand on demande à Marty
01:00:47 d'explorer le côté plus sombre
01:00:52 ça voulait dire
01:00:55 et devenir très introverti
01:00:58 afin de trouver le tueur en lui
01:01:01 qui pourrait accomplir la mission
01:01:06 Je crois que c'était...
01:01:08 Willard était
01:01:11 de la crise cardiaque de Marty.
01:01:20 Le 1er mars 1977.
01:01:23 La nuit dernière, à 2 h,
01:01:25 Marty Sheen a ressenti
01:01:28 À l'aube, il a rampé de sa chambre
01:01:31 et a monté dans un autobus public.
01:01:34 Arrivé au bureau de la production,
01:01:36 il a été envoyé d'urgence à l'hôpital.
01:01:38 Il s'est avéré que Marty a fait
01:01:42 Il a reçu les derniers sacrements
01:01:48 Il s'en est fallu de peu, et j'ai compris...
01:01:53 Je serais incapable de l'exprimer.
01:01:55 Je savais juste que si je voulais vivre,
01:01:58 Et si je voulais mourir aussi.
01:02:01 Je n'avais pas peur.
01:02:02 Ça n'est venu que quand j'ai compris
01:02:06 C'est là que j'ai été effrayé.
01:02:09 Le téléphone a sonné
01:02:14 "Marty a fait une crise cardiaque
01:02:20 Dave Salvin a laissé Melissa
01:02:23 que Marty a fait une crise cardiaque !
01:02:28 C'est quoi ?
01:02:29 Comprends-tu que tout Hollywood
01:02:33 Si c'est si grave,
01:02:36 Marty doit rentrer.
01:02:38 Bien sûr, et il rentrera à nos frais,
01:02:40 mais quand j'ai parlé au médecin,
01:02:43 Marty est jeune.
01:02:45 Il sera probablement rétabli
01:02:50 J'ai demandé :
01:02:52 "comme être filmé en gros plan,
01:02:55 Il a répondu : "Possiblement."
01:02:56 C'est tout ce que j'ai besoin d'entendre.
01:02:58 Alors ce qu'on entend
01:03:02 Juste des potins.
01:03:04 Et ça peut compromettre le film.
01:03:06 Si U.A. Apprend que le tournage
01:03:08 eux qui ont subi des pertes de 27 M$,
01:03:11 on va me forcer à finir le film
01:03:13 - et je n'ai pas encore de film.
01:03:16 - Tu comprends maintenant ?
01:03:18 Si Marty meurt,
01:03:22 jusqu'à temps que j'annonce sa mort.
01:03:24 - Compris ?
01:03:25 Si ce n'est pas fait,
01:03:28 - Compris ?
01:03:29 J'ai vraiment peur, les gars.
01:03:31 C'est la première fois
01:03:34 Quand Francis a des ennuis
01:03:38 Doug Claybourne - ASSISTANT
01:03:39 Il continue quand même,
01:03:42 Il faut continuer d'aller de l'avant.
01:03:44 Car bien entendu,
01:03:45 il avait hypothéqué sa maison
01:03:48 afin de faire ce film.
01:03:53 On a filmé des plans de coupe,
01:03:56 dont plusieurs avec une doublure
01:03:59 Puis, quand il est revenu,
01:04:04 Il fallait trouver du travail
01:04:07 tant que Marty ne serait pas rétabli.
01:04:10 Bon...
01:04:11 Je vais tout filmer.
01:04:14 On n'a plus de petits trucs à filmer.
01:04:17 Je filmerai la transition de l'EVASAN.
01:04:19 Non, une prise de ceci.
01:04:23 Arrête. Qu'ai-je fait aujourd'hui ?
01:04:25 D'abord, tu as compris...
01:04:26 COMBUSTIBLE SOLIDE
01:04:27 ... les problèmes qu'on va avoir
01:04:28 sans Marty dans ces scènes.
01:04:29 On savait qu'on devrait
01:04:31 ouvrir au moins une scène majeure
01:04:33 J'en étais conscient.
01:04:34 Je vous ai dit que trois
01:04:37 mais qu'après, on aurait des ennuis.
01:04:40 Je dis juste
01:04:43 Je me sens comme un méchant garçon
01:04:50 Je peux avoir un soda ?
01:04:51 - Service des sodas ?
01:05:04 Qui savait ce que Francis avait fait ?
01:05:07 Et quand on m'a fait revenir
01:05:10 tout le monde a dit :
01:05:13 "Tout va s'arranger maintenant !
01:05:17 "Le film va enfin être terminé."
01:05:19 Ils ont dit : "Rends-toi là-bas
01:05:23 Ce genre de choses.
01:05:24 Je me sentais comme von Rundstedt
01:05:30 pour lui annoncer l'épuisement
01:05:31 des réserves d'essence à l'est
01:05:33 et pour lui dire
01:05:35 Quand je l'ai quitté
01:05:38 il m'avait convaincu
01:05:41 à remporter un prix Nobel.
01:05:44 Je suis donc sorti de là
01:05:46 "On peut gagner !
01:05:49 "On n'a pas besoin d'essence !"
01:05:51 Il m'a complètement fait changer d'avis.
01:05:56 Cinq semaines plus tard...
01:05:58 Le 19 avril 1977.
01:06:01 Aujourd'hui, Marty est de retour
01:06:04 Il est arrivé il y a environ une heure.
01:06:06 Il est bronzé
01:06:07 et a bonne mine
01:06:10 Francis a collé l'oreille
01:06:13 Il a dit qu'il avait l'air trop en forme.
01:06:33 J'avais un peu peur
01:06:35 et de ce que je ferais une fois là-bas.
01:06:41 Je connaissais les risques
01:06:43 ou je pensais les connaître.
01:06:48 Mais j'ai surtout ressenti,
01:06:53 le désir de le confronter.
01:07:08 Je dois atteindre
01:07:12 quand il arrive à l'enceinte.
01:07:15 Il pourrait arriver
01:07:18 ou comme un nouveau-né.
01:07:22 Et je crois que ce qu'il devrait trouver
01:07:26 Je crois qu'à la fin de tout ça,
01:07:30 il y a un endroit...
01:07:34 Un endroit effrayant
01:07:41 Dans le scénario,
01:07:42 Kurtz avait entraîné des Montagnards
01:07:46 Et plutôt que de costumer
01:07:49 Francis a recruté une tribu d'Ifuago
01:07:51 venant des montagnes au nord.
01:07:53 La rumeur court sur le plateau
01:07:56 les Ifuago étaient
01:08:00 Samedi dernier, ils ont fait un banquet.
01:08:02 Les doyens de la tribu se sont assis
01:08:06 Je voulais filmer la cérémonie,
01:08:07 alors leur maire leur a demandé
01:08:10 On m'a dit que si j'entrais, je devais
01:08:15 J'étais intéressée à documenter
01:08:20 auquel ils se livraient.
01:08:25 Ça a débuté le soir,
01:08:28 où ils ont bu beaucoup de saké,
01:08:32 et ont raconté une longue histoire
01:08:38 Ça a continué pendant la nuit.
01:08:40 Le lendemain, ils ont tué des poules
01:08:45 pour prédire l'avenir de la tribu.
01:08:48 Ensuite, ils ont tué des cochons
01:09:01 Je trouvais alors
01:09:02 que cette expérience avait
01:09:04 très profonde et émouvante.
01:09:06 J'ai donc couru à la maison
01:09:09 et j'ai dit : "Tu dois voir ça,
01:09:10 "ils vont tuer un caribou."
01:09:13 Il écrivait et ne voulait pas venir,
01:09:15 mais j'ai vraiment insisté
01:09:17 Et on est arrivés à peine dix minutes
01:09:20 avant qu'ils tuent le caribou
01:09:24 Le caribou était là,
01:09:27 et ils ont semblé surgir de nulle part
01:09:29 pour le tuer très rapidement
01:09:33 après quoi il est tombé par terre.
01:09:37 Il y avait quelque chose de très beau,
01:09:40 dans ces gens qui ont tué l'animal.
01:09:41 Ensuite, ils l'ont mangé lors d'une fête
01:09:46 ressemblant à l'Action de grâce.
01:09:57 Et comme Francis et moi étions
01:10:00 le maire nous a demandé
01:10:02 au prêtre d'accepter
01:10:04 qui lui est habituellement réservée :
01:10:08 On l'a remercié.
01:10:09 Il a dit à l'interprète
01:10:10 qu'il aimerait être pris en photo
01:10:13 J'ai donc pris une photo
01:10:14 des deux prêtres
01:10:20 C'était comme des gens en guerre
01:10:26 pour stimuler leur imagination.
01:10:32 Être réalisateur est un des seuls postes
01:10:38 dans un monde devenant
01:10:40 Donc, ceci, sans compter le fait
01:10:43 qu'on était
01:10:48 que c'était principalement
01:10:51 et que je le faisais dans la foulée
01:10:55 et donc que j'étais riche,
01:10:57 a contribué à me plonger
01:11:10 Que vous ont-ils dit ?
01:11:14 Ils m'ont dit que vous étiez devenu
01:11:20 complètement fou.
01:11:24 Et que vos méthodes
01:11:27 étaient douteuses.
01:11:34 Mes méthodes sont-elles douteuses ?
01:11:42 Je ne vois absolument
01:11:47 aucune méthode, monsieur.
01:11:55 Trente-huit prises,
01:11:56 et Francis a dit qu'il n'a jamais obtenu
01:12:00 Les gens qui jouaient le rôle
01:12:02 étaient assis dans des boîtes enterrées
01:12:04 de 8 h à 18 h.
01:12:06 Toute la journée, ils étaient au soleil
01:12:10 Entre les prises,
01:13:05 C'est bien, car c'est le moment
01:13:08 et il regarde en l'air
01:13:12 qui fait signe
01:13:14 Il voit Dennis Hopper, en fait.
01:13:18 Utilise la sirène, mon vieux !
01:13:23 Dennis Hopper joue le rôle
01:13:26 transportant 12 caméras
01:13:30 Il est du genre à dire :
01:13:33 Et c'est un personnage formidable.
01:13:37 Je suis un Américain !
01:13:41 Salut. Je suis américain.
01:13:43 Deux semaines avant de venir,
01:13:45 que je ferais partie du film,
01:13:47 et encore moins que j'incarnerais
01:13:53 qui essaierait d'expliquer le but
01:13:57 À ce moment-là,
01:14:01 ma carrière n'allait pas
01:14:04 et n'importe quel rôle représentait
01:14:10 Et j'aime beaucoup
01:14:14 même s'il peut parfois se montrer dur
01:14:16 et qu'un idiot comme moi
01:14:20 Pourquoi ne lui as-tu pas dit ça ?
01:14:22 - À qui ?
01:14:24 Après : "Qui es-tu ?",
01:14:26 - Je n'ai pas mémorisé mes répliques.
01:14:30 - L'autre chose que je veux dire, c'est...
01:14:34 Je ne vois rien avec ces lunettes.
01:14:36 Mais chaque fêlure représente une vie
01:14:42 Tu comprends ? Elles représentent
01:14:45 Dis ça dans la scène.
01:14:47 Oui, mais le réalisateur me dit
01:14:52 Eh bien, une fois que tu les connais,
01:14:54 tu peux les oublier. Tu peux savoir...
01:14:56 Mais c'est ce que j'essaie de faire.
01:15:00 J'essaie d'oublier mes répliques.
01:15:02 Tu ne peux pas les oublier
01:15:05 Je ne vais pas t'aider. Toi, aide-le.
01:15:09 Tu vas l'aider.
01:15:11 Que vont-ils dire
01:15:14 Il meurt quand ça meurt.
01:15:16 Quand ça meurt, il meurt.
01:15:18 Que vont-ils dire à son sujet ?
01:15:20 Ils vont dire : "Il était bon. Il était sage.
01:15:24 "Il avait des projets. Il était brillant."
01:15:26 C'est des conneries, tout ça !
01:15:28 Vais-je être celui
01:15:31 Regarde-moi ! Eh bien, non !
01:15:36 Toi !
01:15:39 APOCALYPSE NOW - 200
01:15:47 200e jour de tournage
01:15:52 BONNE CHANCE FRANCIS
01:16:04 Francis rêvait depuis longtemps
01:16:05 que poètes, cinéastes et écrivains
01:16:07 s'unissent pour former
01:16:11 Ce matin, j'ai compris qu'il existait,
01:16:16 C'est quand on cesse de chercher
01:16:27 Ce n'est pas un secret,
01:16:30 que M. Kurtz était devenu
01:16:34 Littéralement.
01:16:38 Un groupe d'indigènes est apparu
01:16:43 J'ai regardé
01:16:48 sa cage thoracique creuse
01:16:52 et son crâne chauve et squelettique,
01:17:00 Qu'avez-vous fait avec Marlon Brando
01:17:04 Eh bien, il était déjà corpulent
01:17:08 et il m'avait promis
01:17:10 Je me suis dit que s'il était gros,
01:17:16 Mais il était très gros,
01:17:19 Quand je l'ai vu, je me suis dit :
01:17:22 "pour quelqu'un qui a abusé de tout."
01:17:27 Donc, il était gros, était accompagné
01:17:32 et mangeait des mangues.
01:17:35 Et Marlon refusait catégoriquement
01:17:37 d'être représenté ainsi.
01:17:40 Il me mettait clairement
01:17:44 On commençait à manquer de temps.
01:17:47 Il fallait tourner toutes les scènes
01:17:50 sinon ça entraînerait
01:17:53 Toute la compagnie était assise
01:17:57 et l'équipe était prête
01:17:59 tandis que Francis et Marlon discutaient
01:18:03 Et les jours passaient.
01:18:06 C'était Marlon qui insistait
01:18:10 et pendant ce temps, il était payé.
01:18:13 Au début du projet,
01:18:16 "Lis Au Cœur des ténèbres.
01:18:19 Et Marlon a travaillé avec Francis
01:18:22 pour développer les dialogues
01:18:23 et trouver ce qu'il dirait
01:18:28 Et bien sûr,
01:18:31 Francis s'est rendu compte
01:18:36 Ça l'a vraiment choqué.
01:18:40 Je n'ai jeté qu'un coup d'œil
01:18:43 mais elles semblent traiter
01:18:46 C'est comme s'il demandait :
01:18:51 Je ne peux pas y répondre,
01:18:52 car il est trop tard
01:18:57 J'avais vraiment besoin
01:19:01 Et en un sens, je m'en fichais.
01:19:03 Est-ce un gros bonhomme torse nu
01:19:09 Ou porte-t-il un uniforme
01:19:13 Mais je le sais, que c'est un traître...
01:19:15 Tu ne me laisses pas parler.
01:19:16 Mon problème n'est pas juste
01:19:19 Il faut aussi qu'elle ait sa place
01:19:22 Peut-être que Dennis Hopper devrait
01:19:24 y être pour qu'ils soient plus que deux.
01:19:26 - Tu le sais.
01:19:28 Tu le sais, pas moi.
01:19:30 Je craignais
01:19:31 de mettre Dennis Hopper
01:19:34 car j'ignorais encore
01:19:37 Qu'arriverait-il
01:19:39 - Je ne sais rien.
01:19:41 - Mais tu ne me laisses pas te le dire.
01:19:46 Kurtz a découvert
01:19:48 envoyé pour le tuer.
01:19:50 - Ça, je le sais.
01:19:53 D'accord, c'est ce que je dis.
01:19:54 Fais ce que je te demande.
01:19:56 Explique le poème, et la raison
01:19:59 J'ai besoin de savoir pourquoi.
01:20:01 Mais je te dis pourquoi.
01:20:02 Je ne peux jamais dire
01:20:05 Tu lui expliques le poème
01:20:07 parce que tu veux indiquer à ce gars
01:20:10 qu'il ne comprend pas Kurtz,
01:20:14 Ce que tu tentes de dire,
01:20:18 et que son autre univers, c'est le nôtre.
01:20:21 C'est l'autre univers
01:20:23 Il dit ça pour ne pas qu'il le juge.
01:20:26 Pour qu'il le considère
01:20:34 D'accord.
01:20:36 Il n'y a pas de bien ou de mal.
01:20:38 De un à neuf, puis on revient à un.
01:20:39 Pas de fractions,
01:20:41 On ne peut pas voyager dans l'espace.
01:20:44 avec des fractions.
01:20:47 Où atterrir ?
01:20:49 Que vas-tu faire
01:20:51 C'est de la physique dialectique,
01:20:53 La logique dialectique dit :
01:20:55 Soit on aime quelqu'un, soit on le hait !
01:21:04 Donc, ce que je devrais faire,
01:21:06 c'est filmer pendant trois semaines
01:21:11 En d'autres mots,
01:21:14 Marlon Brando et Marty Sheen
01:21:17 est-ce que j'obtiendrais des moments
01:21:23 que si j'arrêtais le tournage
01:21:27 pour écrire une scène
01:21:30 Il vaut bien mieux
01:21:31 tourner chaque jour
01:21:34 APOCALYPSE NOW
01:21:35 Deux-soixante, prise trois.
01:21:41 Qu'est-ce que la soif de sang ?
01:21:49 La soif de sang...
01:21:53 La soif de sang,
01:21:55 ils disent,
01:21:59 tous ceux qui ont écrit là-dessus,
01:22:03 que l'animal humain est le seul
01:22:14 Tuer sans aucun but.
01:22:17 Tuer pour le plaisir.
01:22:20 À travers ceci, on peut voir la lumière.
01:22:25 On prend ceux
01:22:31 On prend ceux qui pensent,
01:22:35 On prend...
01:22:41 J'ai avalé un insecte.
01:22:44 Quand une abeille découvre du miel,
01:22:51 Elle est irrésistiblement attirée...
01:22:54 Mon... Mon ami rit.
01:22:57 C'est mon critique.
01:23:01 Mon seul critique, sans doute,
01:23:07 C'est comme si j'étais
01:23:11 et que des nouveaux éléments venaient
01:23:14 Et j'essaie de continuer,
01:23:15 mais maintenant, j'ai Marlon Brando,
01:23:19 Et il change toute la donne,
01:23:25 Je veux un personnage monumental
01:23:30 en lutte avec les extrémités
01:23:35 à un point tel
01:23:39 que ça nous intimide
01:23:45 Ça prend du courage.
01:23:50 Il ne faut pas craindre
01:23:54 Le phosphore et le napalm
01:23:58 Il faut regarder à l'intérieur de soi
01:24:02 qui se terre au fond de tous les humains
01:24:08 et lui dire : "Oui, je t'accepte.
01:24:14 "Même que je t'aime,
01:24:16 "Tu es l'extension de moi."
01:24:21 - Quoi ?
01:24:29 Pourquoi sommes-nous au Vietnam ?
01:24:32 Il est temps pour nous
01:24:41 Il est temps pour nous de...
01:24:44 - D'enseigner.
01:24:55 Je ne trouve plus
01:25:00 Et je me sens idiot
01:25:04 d'avoir mis en branle des choses
01:25:08 qui ne vont pas ensemble,
01:25:11 Et je fais ça par désespoir,
01:25:13 car je n'ai aucune façon rationnelle
01:25:16 Je dois admettre
01:25:19 Comment expliques-tu l'écart
01:25:21 entre tes impressions du film
01:25:22 et celles des autres ?
01:25:24 C'est parce qu'ils ont en tête
01:25:29 Moi, je dis : "Hé ! Ça n'arrivera pas !
01:25:33 "Le scénario n'a aucun sens.
01:25:35 Je suis comme une voix qui s'écrie :
01:25:39 "Allez, ça ne marche pas !
01:25:42 Et personne ne m'écoute !
01:25:43 Tout le monde dit que je travaille bien
01:25:45 Mais je ne réussirai pas
01:25:49 Je suis en train de faire un navet.
01:25:53 Je vais faire faillite de toute façon.
01:25:56 Pourquoi n'ai-je pas le courage
01:26:02 Je ferais n'importe quoi
01:26:04 Je réfléchis déjà au genre de maladie
01:26:08 Je suis sur la plate-forme,
01:26:10 je fais une chute de 10 m. J'y pense.
01:26:12 Ça pourrait me tuer,
01:26:16 Ce serait un moyen élégant
01:26:20 Avez-vous déjà craint
01:26:23 Eh bien, à un certain moment,
01:26:27 Il s'est écroulé.
01:26:30 Et il m'a dit
01:26:31 qu'il s'est vu en train de marcher
01:26:34 et qu'il ignorait s'il mourait
01:26:37 Il ignorait ce que c'était.
01:26:40 Mais peut-être était-il arrivé
01:26:42 au seuil de la folie.
01:26:49 C'était effrayant,
01:26:54 qu'il prenne autant de risques
01:26:59 afin de pousser l'expérience aussi loin.
01:27:02 Et ce film avait tout à voir
01:27:05 Risquer son argent,
01:27:06 risquer sa santé mentale,
01:27:10 risquer de pousser sa famille à bout...
01:27:13 Dans tout ce qu'il a fait,
01:27:15 il s'est porté aux extrêmes
01:27:19 et en est revenu.
01:27:22 Rien n'est pire qu'un film prétentieux.
01:27:24 Un film qui aspire
01:27:27 et qui échoue, c'est de la merde,
01:27:30 et tout le monde le démolira.
01:27:32 Et c'est la plus grande crainte
01:27:36 Être prétentieux.
01:27:37 D'un côté,
01:27:38 on essaie de créer un grand film,
01:27:40 mais de l'autre,
01:27:43 On finit par se dire : "Au diable tout ça !
01:27:47 "ou si j'ai échoué."
01:27:48 Tout ce que je sais,
01:27:51 et qu'il devra m'offrir
01:27:54 Et je ne parle pas juste
01:27:56 Des réponses
01:27:59 Il est très dur de parler de ces choses
01:28:03 Si on utilise des mots
01:28:05 les gens croient
01:28:08 soit un professeur d'université pédant.
01:28:10 Mais ce sont les mots qui décrivent
01:28:14 cette renaissance
01:28:18 qui constitue la base de la vie.
01:28:21 La seule règle que tous les hommes,
01:28:24 depuis l'époque où ils se sont mis
01:28:26 à regarder le soleil,
01:28:27 à chercher de la nourriture
01:28:30 La première pensée qu'ils ont eue,
01:28:34 c'est celle de la mort et de la vie.
01:28:37 Celle que le soleil se lève et se couche.
01:28:39 Que les plantes
01:28:42 Que l'hiver, tout mourait.
01:28:44 Le 1er homme a dû penser :
01:28:45 "Oh ! C'est la fin du monde !"
01:28:47 Puis, soudain, ce fut le printemps,
01:28:49 la vie est revenue et c'était mieux.
01:28:51 COPPOLA - CINE 7 - C'EST
01:28:52 Regardez le Vietnam.
01:28:54 Regardez mon film. Vous comprendrez.
01:31:17 L'horreur.
01:31:22 L'horreur.
01:31:27 2 ans et demi plus tard...
01:31:37 La rivière, sans repos,
01:31:41 peuplée de souvenirs d'hommes
01:31:44 de gens qui recherchent or et gloire.
01:31:48 Quelles merveilles n'ont pas flotté
01:31:51 vers une terre mystérieuse
01:31:55 Les rêves des hommes,
01:32:00 les germes des empires.
01:32:04 La rivière est noire ce soir, mes amis.
01:32:07 Regardez, on dirait qu'elle débouche
01:32:12 au cœur des ténèbres.
01:32:24 Apocalypse Now a pris l'affiche
01:32:28 Depuis, il a généré plus de 150 millions
01:32:32 Le film a gagné trois Golden Globe,
01:32:35 deux oscars et la Palme d'or
01:32:40 J'espère vraiment
01:32:41 que maintenant
01:32:44 sont en vente,
01:32:46 les gens qui ne feraient pas de films
01:32:48 vont commencer à en faire.
01:32:50 Et que soudain, un jour,
01:32:51 une petite fille grassouillette de l'Ohio
01:32:54 et tourne un superbe film
01:32:59 Et enfin, le soi-disant
01:33:02 sera à jamais détruit, et le cinéma
01:33:10 C'est mon avis.